Après le calvaire des ECNi, les étudiants demandent des comptes

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Publié le 26/06/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) qui se sont achevées jeudi resteront dans les annales.

L'annulation de deux dossiers cliniques reste en travers de la gorge des candidats. Jeudi 22 juin, le stress était à son comble dans les 34 centres d'examen. Et pour cause... L'obligation de plancher une journée supplémentaire sur 12 nouveaux cas cliniques, en prime pendant la canicule, a déclenché la colère des candidats et de leurs proches. Le mea culpa des présidents du jury et du conseil scientifique* n’a pas suffi à apaiser les esprits. Une pétition lancée en ligne pour protester « contre le manque de respect » des concepteurs des sujets a rassemblé 1 400 signatures en 48 heures. Plusieurs mouvements de soutien ont été organisés à Tours, Toulouse et à Nancy, où des étudiants ont placardé des messages sur le mur de la fac et interpellé leur doyen, le Pr Marc Braun, également président du jury. Des étudiants parisiens manifesteront leur mécontentement après le « fiasco des ECNi », ce mardi devant le ministère de l'Enseignement supérieur.

Négligence ou favoritisme ?

A l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et à l'Intersyndicat national des internes (ISNI), c'est l'incompréhension. « En 2011, l'épreuve de lecture critique d'article (LCA) avait été annulée deux fois. Au début du mois, c'est lors du concours national d'internat d'odontologie qu'une rupture d'égalité des chances a été constatée », souligne l'ISNI.

Déjà en 2016, un dossier clinique avait été neutralisé après avoir été soumis à l'entraînement à Lyon-Est. Deux autres dossiers issus d'une faculté parisienne auraient également été suspectés, a-t-on appris de sources concordantes.

S'agit-il de négligence ou d'un favoritisme délibéré ? « Les deux pistes sont plausibles, explique Quentin Hennion-Imbault, chargé des études médicales à l'ANEMF. Une fois le tirage au sort effectué, les sujets sont relus. Il y a peut-être eu négligence. » Néanmoins, le cas des deux dossiers déjà tombés à Lyon-Est interpelle. « Cela peut éventuellement arriver une fois mais deux fois, ça pose question, poursuit l'étudiant. Des soupçons pèsent sur le comportement d'enseignants qui mettent des sujets dans la banque pour favoriser leurs étudiants ». L'informatisation des ECNi et le passage sur support numérique des conférences de préparation aux épreuves a permis de mettre rapidement à jour ces anomalies. « Les cas cliniques sont partagés entre les étudiants et les réseaux sociaux sont une arme efficace pour les détecter », ajoute Quentin Hennion-Imbault. Signe que le sujet est polémique, même les doyens ont réclamé des « sanctions disciplinaires » pour les enseignants qui dévoileraient les sujets transmis à la banque nationale du conseil scientifique (voir encadré).

Réunion ministérielle extraordinaire

Les ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé ont convoqué un comité de suivi extraordinaire qui se réunira ce mardi 27 juin. Une enquête de l'inspection générale (IGAENR) est ouverte. Les ministères se disent prêts à prendre sans délai « les mesures nécessaires à la sécurisation des ECNi ».

Dans ce climat agîté, le classement des ECNi doit être publié ce mercredi 28 juin. Les étudiants ne sont pas sereins. « Se dire que peut-être son classement aurait été différent si les organisateurs avaient mieux fait leur travail c'est rageant », résume une étudiante.

* Contacté par le Quotidien, le Pr Jean-Paul Romanet n'a pas donné suite.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9592
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