Missionnés par le gouvernement après le fiasco des épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) 2017, Quentin Hennion-Imbault, ancien membre de l'ANEMF, et le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, ex-président de la conférence des doyens, recommandent une refonte totale du second cycle des études et la suppression des épreuves classantes nationales (ECN) dès 2023, révèle leur rapport définitif.
Le document d'une centaine de pages détaille 13 mesures visant à rendre le second cycle plus professionnalisant. Mais la piste emblématique reste la disparition des ECN sous leur forme actuelle au profit d'une régulation en « matching » (également appelée appariement étudiant-poste) inspirée des systèmes canadiens et américains.
« Les ECNi sont collectivement décriées aussi bien par les étudiants que par les enseignants et les professionnels », lit-on dans le document. Le dispositif est à bout de souffle. « Les ECNi écrasent les emplois du temps, les étudiants révisent plus qu'ils ne sont en stage », a expliqué Quentin Hennion-Imbault lors de la présentation du rapport à la Paris Healthcare Week à Paris.
Vœux et scores
Le nouveau schéma permettrait de rapprocher un étudiant d'un poste de l'internat grâce à un score défini par trois critères, comme l'avait déjà confié le Pr Dubois-Randé au « Quotidien » en décembre. Les connaissances théoriques, les compétences cliniques et relationnelles et le projet professionnel de l'étudiant reflété par son parcours « témoignant de ses affinités avec telle ou telle spécialité, tel ou tel territoire, tel ou tel mode d'exercice et valorisant ses initiatives », précisent les auteurs.
Les étudiants formuleront plusieurs vœux en sixième année pour candidater aux postes de l'internat ouverts. « Un classement est édité pour chaque poste (selon les pondérations qui lui sont propres) et un algorithme permet la répartition des étudiants sur les postes en fonction de l'adéquation entre les profils et les postes », lit-on.
Suppression progressive en 5 ans
Des mesures transitoires sont prévues. Dès la prochaine rentrée, les étudiants de l'externat prendront connaissance des nouvelles modalités et verront le certificat de compétences cliniques (CCC) harmonisé. Des stages de découverte et de sémiologie seront introduits dès le premier cycle.
En 2019, le référentiel des connaissances théoriques devra avoir été revu et être moins volumineux. Les externes (4e et 5e année) devront avoir des stages plus diversifiés. Des examens sur table se dérouleront en 5e année en deux temps – un examen basé sur les connaissances incontournables et un autre plus spécialisé.
En 2020, le nouveau second cycle devra être opérationnel. Les étudiants entrant en 4e année seront évalués sur chaque critère (connaissances, compétences et parcours) et caractérisés par des scores. À l’issue de cet externat nouvelle formule, en 2023, ils seront les premiers à expérimenter la plateforme de matching. Si la réforme est validée par la tutelle...
Arbitrages attendus
La suppression des ECNi s'inscrit dans une réforme plus large visant à remodeler le second cycle dans un sens plus professionnalisant. Plusieurs pistes ont déjà été avancées par l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) à l'automne 2017.
Les jeunes veulent des stages plus diversifiés en dehors de l'hôpital et dès le premier cycle (recommandations formulées dans le rapport). L'instauration de bilans d'orientation réguliers pour mieux construire leur projet professionnel est aussi évoquée. La sixième année fera peau neuve et se transformera en une année de stages cliniques permettant à l'étudiant de tester des spécialités dans lesquelles il souhaite s'orienter.
Les ministères n'ont pas encore donné suite au rapport. Interrogé par « le Quotidien » fin mai, l'ANEMF espère que des décisions seront communiquées « avant juillet ».
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