« Internes mal formés, patients en danger »

Selon l'AFP, une centaine d'internes se sont regroupés devant le CHU de Rouen et entre 30 et 50 à Tours et Marseille.

À Paris, environ 300 internes (quelques chefs de clinique et assistants) venus de quatre coins de la France ont battu le pavé devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche cet après-midi, a constaté « le Quotidien ». En blouse blanche, les manifestants ont brandi plusieurs banderoles : « Internes mal formés, patients en danger » ou scandaient au mégaphone « Internes mal formés, cancers non dépistés ».

Plusieurs futurs médecins en hépato-gastroentérologie, cardiologie et néphrologie réclament un allongement de leur DES à 5 ans. « Pour être totalement autonomes sur l'endoscopie, nous avons besoin de six ans ! », lance une interne en hépato-gastroentérologie. « La formation européenne en cardiologie est d'au moins cinq ans, souligne Guillaume, un autre interne bordelais. En France, c'est quatre ans, c'est insuffisant. Avec la réforme, on raccourcit la formation d'une année, car les internes auront trois ans de formation pure suivie de la phase d'autonomie supervisée… »

Des internes d'anesthésie-réanimation, de médecine physique et de réadaptation (MPR) ou encore de chirurgie se sont également déplacés pour protester contre les imprécisions de la dernière phase de l'internat. « La phase 3 est bancale. Il ne faut pas que ce soit une autonomie complète mais supervisée, avec un compagnonnage », réagit Gabriel, interne en MPR à Rouen. Enfin, certains internes actuels redoutent l'impact de la nouvelle réforme. « Je suis en médecine générale, je souhaite m'orienter vers la médecine d'urgence, néanmoins je ne suis pas sûre que le nombre de places en stage sera suffisant avec l'ouverture du DES de médecine d'urgence », raconte Mathilde.

Vers un report ?

Le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) a donné un avis positif sur le texte relatif aux maquettes de chaque spécialité. Demain, ce sera au tour de la Commission nationale des études de maïeutique, de médecine, d'odontologie et de pharmacie (CNEMMOP) de se prononcer, avant la publication du texte définitif d'ici la fin du mois.

Les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ont assuré aux internes que les maquettes n'étaient pas figées dans le marbre. Elles évolueront annuellement. Un comité de suivi de la réforme sera en charge de l'évaluation de la formation. 

Toutefois l'ISNI reste déterminée et appelle à un report de l'entrée en vigueur de la réforme si aucun accord ne se dégage.

Fillon s'en mêle

L'intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) a réaffirmé sa volonté de voir aboutir une réforme progressiste. « Cette réforme, initialement ambitieuse, n'est pas parfaite », avoue-t-elle. Cependant, « un report mettrait en danger les innovations pédagogiques qu'elle introduit », note le syndicat. Selon l'ISNAR-IMG quelques points restent à éclaircir. Les étudiants entamant leur internat en novembre 2017 devront « connaître les règles avant d'avoir à choisir leur ville et leur spécialité ». L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) ainsi que les doyens ont également apporté leur soutien à la réforme du troisième cycle.

À cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle, François Fillon a accusé le gouvernement, dans un communiqué, de donner le sentiment « de vouloir passer en force sur l'organisation de la réforme ». Selon le candidat de la droite, « le pouvoir socialiste court le risque d'encore approfondir la rupture avec les médecins et plus particulièrement avec les plus jeunes d'entre eux »