« Combien de fois par semaine tu bois du soda ? » « Manges-tu beaucoup de sucreries ? » « Tu prends plusieurs goûters dans la journée ? » « Tu aimes la gym ou la piscine ? »
Dans le parc de la Mare à la Veuve, à Bondy (Seine-Saint-Denis), Rachel, étudiante en troisième année de médecine de la faculté de Paris XIII, évalue à l'aide d'un questionnaire les habitudes alimentaires et sportives de six adolescents de 10 à 15 ans en surpoids qu'elle suit dans le cadre de son service sanitaire, en partenariat avec une équipe pluridisciplinaire du centre municipal de santé de la ville (médecin, diététicien et psychologue du programme Ipecordia de prévention de l'obésité et du diabète).
Ce mercredi de mai, la jeune femme et cinq autres étudiants en santé – trois de la même fac de médecine qu'elle et deux futurs infirmiers en deuxième année à l'institut Jean Verdier – ont un objectif en tête : faire passer le message à ces jeunes, dans un département en mal de médecins, que le fait d'avoir une alimentation saine et une activité physique régulière est primordial.
Pour leur service sanitaire, ces étudiants en santé qui ne se connaissent pas ou peu ont monté ensemble un projet de prévention en santé de A à Z sur le thème de la nutrition et de l'activité physique. Ils veulent faire prendre conscience aux jeunes Bondynois que certains de leurs comportements sont inadaptés, et ce parfois par ignorance. « En leur posant des questions, ils se rendent compte qu'ils ont effectivement mangé plusieurs goûters. Ils réalisent d'un coup qu'ils ont mangé trop de sucré », explique Rachel.
Talons aux fesses
Quelques minutes plus tard, sous un ciel bleu et une température clémente, les ados s'échauffent pour une partie de touch rugby, sport originaire d'Australie et petit cousin du rugby classique. Le but est d'amener en équipe un ballon derrière une ligne prédéfinie au sol comme au rugby mais sans aucun contact physique.
C'est Brahim, étudiant infirmier, qui endosse le rôle de coach. Les instructions sont rythmées : « On sautille sur place », « on monte les talons aux fesses » et « on fait tourner les genoux ». Sur le terrain, l'ambiance est au beau fixe. Les jeunes crient, s'amusent. Une seconde activité s'enchaîne : l'ultimate, sport collectif en vogue où le ballon laisse place à un frisbee. Chaque équipe doit se faire des passes jusqu'à une zone marquée au sol. Tous sont aux anges. « On veut qu'ils s'amusent et qu'ils ne rechignent pas, poursuit Rachel. C'est une bonne manière de leur dire que le sport n'est pas un fardeau ».
« En médecine nous sommes individualistes »
Pour monter ce projet de prévention de l'obésité, il a fallu aux six étudiants en santé plusieurs semaines de travail. « On a appris à s'organiser et à travailler ensemble, raconte Dylan, un autre carabin. En médecine, nous sommes individualistes dans le travail alors que les infirmiers sont très collectifs. Nous n'avons pas les mêmes réflexes mais on s'est adaptés ! » Les étudiants sont venus ensemble faire du repérage au parc pour calibrer les activités. Tout le programme a été ensuite validé par un formateur. « On les accompagne et on veut s'assurer qu'ils transmettent les bons messages et qu'ils utilisent les bons supports », précise Sophie Merlin, infirmière et responsable du projet.
Contrairement à d'autres facs, ce groupe n'a réalisé qu'une seule activité sur une journée. Avant de se quitter, les futurs professionnels sondent les jeunes et discutent des prochains objectifs à atteindre. « Au début, on s'interrogeait sur les niveaux de sport. Nous avions peur qu'ils soient trop fatigués, trop vite. En fait, ils ont été dynamiques et enthousiastes. Ils veulent déjà recommencer ! », conclut Rachel.
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