« J’ai trouvé la façon idéale de travailler ». Après 7 ans d’un exercice « classique » au sud de Paris et une relative déception quant à son quotidien de généraliste d’alors, le Dr Stéphane Pinard a saisi en 2013 l’opportunité de construire un projet de santé en partant de rien à Belle-Ile-en-mer. L’ARS lui donne alors carte blanche pour écrire un projet pour relancer l'offre de soins sur ce territoire alors en grande difficulté. Quatre ans après le généraliste de 41 ans a plus que réussi son pari. La particularité de ce projet réside dans un décloisonnement pas toujours si évident à opérer dans le monde médical. Alliance ville et hôpital, libéral et salariat, généralistes et spécialistes : à Belle-Ile tout paraît fonctionner. Les libéraux, 9 généralistes et 13 spécialistes sont constitués en pôle de santé mais installés dans l’hôpital local auquel ils payent un loyer. Les généralistes assurent la permanence des soins, les visites de médecine en Ehpad, les soins non programmés. Ils sont aussi médecins correspondants du Samu, médecins pompiers etc. « Quand on m’a demandé d’écrire ce projet, j’ai voulu mettre sur le terrain ce que je pensais être la médecine idéale. Je fais à la fois des consultations, du suivi, de l’urgence, de l’aigu, de l’hospitalisation, j’ai le temps de me former, nous faisons des staffs une fois par semaine et je maîtrise mes horaires », explique le Dr Pinard.
Sa vision de la médecine idéale à ses yeux, semble être partagée par d’autres et notamment la jeune génération. Sur les neuf généralistes aujourd’hui sur l’île, quatre sont des primo-installants. Le projet rencontrant un vrai succès, il a eu les moyens de réaliser toutes ses ambitions. De la télééchographie est ainsi réalisée avec un radiologue de Cannes, une téléconsultation a aussi été mise en place, une infirmière Asalée est arrivée sur l’île et la reconstruction de l’hôpital de Belle-Ile dans lequel les libéraux s’installeront a débuté. Meilleur des mondes pour les professionnels de santé, selon le Dr Pinard, c’est aussi le cas pour les patients. « Quand je suis arrivé, chaque nuit nous avions des infarctus, des AVC etc. Depuis un an que nous sommes neuf généralistes ce n’est plus le cas. Plus vous avez des généralistes en amont qui font un bon travail de prévention et de suivi des maladies chroniques, moins vous avez de prise en charge de décompensation de maladies aiguës » souligne-t-il. « Si un jour quelqu’un peut comprendre cela en France et favoriser la médecine générale libérale ou préhospitalière, on aura tout gagné » ajoute-t-il. Un argument de plus en faveur de ce projet de restructuration ville-hôpital. Car le généraliste qui est persuadé que ce modèle peut s’exporter au-delà de Belle-Ile dans tous les territoires en difficulté.
Généraliste à Belle-Île-en-Mer (Morbihan)
LES AUTRES PROJETS NOMMÉS
Le Dr Éric Rouchaud veille à la sécurité des médecins
Ce généraliste de Couzeix en Haute-Vienne est convaincu que le sentiment d’insécurité des médecins peut être un frein à l’installation, sans compter la désaffection pour les déplacements et la PDS. Il a donc décidé de prendre le taureau par les cornes. C'est un bouton, relié en Bluetooth au portable, qui permet de géolocaliser tout médecin qui souhaite un secours, une intervention des forces de l’ordre en cas de danger. Le système vise en premier lieu les généralistes lors de la PDS; le Dr Rouchaud espère l’étendre à tous ses confrères qui le désirent.
Généraliste à Couzeix (Haute-Vienne)
Le Dr Claude Bronner ambassadeur de la télémédecine dans le Grand Est
Le généraliste de Strasbourg est partie prenante dans un projet de télémédecine ouvert à tous les médecins libéraux du Grand Est. Pilotée par l’URPS et mis en place par la société Hopi Médical, le réseau sécurisé lancé en 2013 permet notamment aux professionnels de réaliser des téléconsultations, par exemple en EHPAD ou avec des expatriés, ainsi que des téléexpertises entre confrères.
Généraliste à Strasbourg (Bas-Rhin)
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