Depuis début 2018, plus de 100 000 patients en France ont passé la nuit sur un brancard aux urgences, faute de lits d’hospitalisation, selon le syndicat Samu-Urgences de France (“No Bed Challenge”). « C’est un scandale sanitaire, s’est indigné son président, le Dr François Braun, lors du congrès. Des travaux indiquent que dans ces conditions, les patients ont une mortalité augmentée de 9 % à trois jours et de 30 % pour les cas les plus graves. Pour un patient âgé, cela allonge de deux jours l’hospitalisation, selon une étude canadienne. » En cause, la surcharge des services, et la difficulté de la médecine de ville à assurer la continuité des soins.
Numéro unique
Parmi les solutions, les syndicats d’urgentistes défendent, à l’instar du rapport du député Thomas Mesnier (mai 2018), un numéro unique d’appel santé (soins non programmés et urgences), central dans l’organisation des soins non programmés. « Actuellement, il existe 13 numéros », a remarqué le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la SFMU, qui en appelle à une plate-forme santé unique à laquelle participeraient des généralistes libéraux. Dans la majorité des centres 15, des généralistes contribuent déjà à la régulation aux côtés des urgentistes, mais de manière non permanente. « Cette coopération fonctionne très bien, il faut la développer pour garantir l’accès à un médecin 24 heures sur 24 sur tout le territoire, y compris dans les déserts médicaux », a-t-elle insisté. Le 15 prendrait ainsi en charge les urgences majeures, mais s’acquitterait aussi de conseils médicaux ou de téléconsultations. Cela impliquerait des campagnes d’information, car une majorité de Français croient le 15 réservé aux situations graves. Cette prise en charge des soins non programmés éviterait des passages inutiles aux urgences. Face aux protestations de syndicats de généralistes, le Dr Ricard-Hibon n’exclut pas le maintien de deux numéros d’appel, dont le 116-117 pour contacter un généraliste de garde.
Formations
Après le drame de Strasbourg, le congrès a aussi évoqué la formation des assistants de régulation médicale (ARM). La mission d'enquête IGAS rendue la semaine passée à Agnès Buzyn suggère d’ailleurs de mettre en place à Strasbourg une formation des ARM aux bonnes pratiques. Actuellement, il n’existe qu’un centre de formation, à Lille. Chaque établissement recrute et forme ses ARM avec des critères propres. « Ces postes sont souvent un reclassement de paramédicaux en difficulté », a déploré le Dr Eric Tentillier (Samu 33, CHU de Bordeaux). Dans son centre, pas plus de 10 % des ARM sont formés, ce qui semble bien supérieur à la plupart des établissements. Le rapport sénatorial sur les urgences (juillet 2017) préconisait un diplôme obligatoire reposant sur une formation initiale standardisée d’au moins deux ans. Samu Urgence de France et la SFMU demandent une formation diplômante et travaillent sur un programme pour les ARM. Les médecins ne sont pas en reste et leur inscription au DIU de régulation médicale doit être encouragée. « L’écoute, l’empathie ne s’improvise pas, a observé le Dr Ricard-Hibon. Il faut développer des formations initiales et continues privilégiant le retour d’expérience et rendre la formation initiale obligatoire partout. »
Réguler la régulation
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur