MÉDECINS DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES. - En mettant en œuvre la loi Hôpital, patients, santé et territoires, les Agences régionales de santé (ARS) s’appuient sur les médecins exerçant dans la fonction publique territoriale pour établir des contrats locaux de santé. Aujourd’hui, les collectivités redoublent d’efforts pour renforcer l’implication des médecins dans des domaines devenus essentiels. Protection maternelle et infantile, planification familiale, santé des personnes âgées et des personnes handicapées, services communaux d’hygiène et de santé, centres municipaux de santé proposent de plus en plus de postes et de fonctions. Cette recrudescence d’emplois dans la filière médico-sociale de la fonction publique territoriale reste encore peu connue alors que de nombreuses collectivités peinent à recruter des médecins titulaires et à embaucher des contractuels. Au-delà des consultations quotidiennes, ces experts en prévention et santé publique aux missions variées sont sur le terrain des managers respectés et très recherchés. « Le Quotidien du Médecin » a enquêté sur les missions de ces praticiens des collectivités territoriales qui bénéficient de situations stables et d’une liberté d’action sans pareille.
UN DOSSIER DE LAURENCE MAUDUIT
ON COMPREND que les médecins puissent d’abord penser à rejoindre la fonction publique hospitalière plutôt que celle dédiée aux collectivités territoriales. Pourtant, les besoins de prise en charge sur le terrain dans la filière médico-sociale explosent. Petite enfance, social, restauration collective, environnement, gestion des déchets hygiène et sécurité au travail ne sont que quelques-uns des secteurs où vos compétences sont clairement attendues au-delà du diagnostic social qui appelle une réponse à l’évidence médicale. Vous êtes déjà près de 10 000 à exercer dans cette filière et dans certains cas sans même le savoir. « Exercer dans l’intérêt général et être rémunérés par une ville ou un conseil général suffit pour faire parti des médecins des collectivités territoriales sans même avoir passé le concours, » affirme le Dr Patrick Atlas, aujourd’hui médecin directeur du service municipal de santé de Clichy-la-Garenne.
Cet ancien généraliste de Nancy explique en avoir eu assez d’exercer seul dans son cabinet. Alors un jour, il a la curiosité de répondre à une petite annonce de cette municipalité dénichée dans le quotidien.
Autonomie, liberté d’action, mobilité…
La description du poste lui promettait de se rendre utile bien au-delà de ces simples consultations quotidiennes. Patrick Atlas ne va pas faire les choses à moitié. Il passe le concours, est intégré rapidement, suit des formations pour comprendre le système. Il affirme aujourd’hui avoir découvert une réalité qui a rapidement balayé tous les a priori qu’il pouvait avoir sur l’Administration. Devenu président de l’association nationale des médecins des collectivités territoriales, Patrick Atlas insiste sur « le tact et la mesure, fort utile dans la gestion administrative comme dans la mobilisation des partenaires et des acteurs pour aboutir sur le terrain à une prévention efficace. » Le pilotage de 40 salariés lui donne aujourd’hui une sensation de chef d’entreprise. Un patron qui est toujours à l’avant-poste de développement. « Pour mettre en place les contrats locaux de santé, dit-il, on s’appuie sur nos initiatives et les médecins sont moteurs pour repositionner la prévention autour d’axes prioritaires. »
En pensant par exemple à la subvention d’acquisition de matériel, ou au développement de formation pour le personnel, ce médecin s’éloigne de son stéthoscope pour répondre à des appels d’offres, monter des contrats d’objectifs et de moyens pour développer l’éducation à la santé dans les écoles, décrocher une subvention pour monter un observatoire santé social ou bien encore faire des enquêtes auprès des jeunes et des personnes âgées pour aller au plus près des besoins. « Tous les jours, nous allons au contact de ceux qui en ont le plus besoin et notre mission est d’étudier les changements possibles pour apporter une aide encore plus utile. » Ses responsabilités auprès du maire lui permettent d’observer les difficultés et d’imaginer les solutions, d’alerter sur les situations d’urgence. Habitat, logement, environnement, les médecins des collectivités territoriales ont souvent leur mot à dire. Souvent entendus, ils semblent même les mieux placés pour « avancer les bons arguments au bon moment pour convaincre et faire avancer les situations individuelles ou collectives ».
La santé rapporte aussi de l’argent aux villes. »
À Clichy-la-Garenne, Le Dr Patrick Atlas affirme passer la moitié de son temps en réunion ou sur le terrain. Observateur direct des difficultés, il conserve plusieurs consultations par semaine dont il ne saurait se passer et affirme que « la santé rapporte aussi de l’argent aux villes. » Les consultations dans les centres de santé de Clichy-la-Garenne rapporteraient chaque année 700 000 euros. Une recette que l’Administration voit d’un bon œil et qui met les médecins en position de force pour négocier des aménagements ou des investissements avec les élus.
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