ARS, BILAN D’ETAPE - Quelles relations ont noué les Agences régionales de santé avec, d’une part des directeurs d’hôpital, et d’autre part les représentants de la médecine de ville? Tous ces acteurs sont-ils capables de travailler ensemble? Un an et demi après leur création, le bilan des ARS est, au mieux, contrasté, comme le montre l’enquête du « Quotidien ».
DIX-HUIT mois après la création des ARS, les directeurs d’hôpital peinent à s’y retrouver, et le malaise est perceptible sur le terrain. Aux fortes attentes, a succédé la défiance. Les syndicats de cadres et de directeurs, alertés par leur base, dénoncent des dysfonctionnements et des mesures vexatoires. Une réunion de médiation pourrait être prochainement organisée par le ministère de la Santé, signe que le sujet est considéré avec attention.
Interlocuteurs difficilement identifiables au sein des ARS, réglementation diversement appliquée, évaluation des directeurs d’hôpitaux critiquée par endroits : sans généraliser, Michel Rosenblatt, secrétaire national du SYNCASS-CFDT, évoque « des difficultés plus fréquentes que par le passé, car les ARS doivent rendre des comptes ». Des directeurs seraient poussés à masquer les déficits pour répondre aux exigences nationales. Interventionnistes, certaines Agences le seraient aussi en matière de ressources humaines. « Une autre ARS a demandé le tableau de service car une soignante s’était plainte de ses horaires de travail », illustre Michel Rosenblatt. Philippe Blua, président du SMPS (Syndicat des managers publics de santé), renchérit : « Certaines ARS donnent leur avis sur les recrutements médicaux, quand elles ne se mêlent pas de savoir pourquoi telle infirmière n’a pas été promue cadre. Ce faisant, elles ne respectent pas la loi ».
Diriger un hôpital aujourd’hui, c’est attirer les médecins, équilibrer les comptes, plaire aux élus. Les responsabilités se sont alourdies en même temps que les pressions. Les ARS, elles, ont hérité des dossiers délicats non réglés par les ARH. « Tout cela se télescope », constate Christophe Jacquinet, DG de l’ARS de Picardie, qui perçoit le malaise des directeurs d’hôpital « au travers des tracts ». Le contexte lui paraît moins compliqué avec les libéraux. « Un directeur d’hôpital a besoin d’une relation fluide avec son ARS », développe Christophe Jacquinet, qui parle d’un effet taille défavorable aux grosses régions. L’ARH picarde employait 11 personnes, l’ARS en emploie 280. « Rien que cela, c’est un changement majeur », dit le patron d’ARS. Avec 600 structures sanitaires et médicosociales à superviser, et un rythme d’une visite par semaine, il lui est impossible de satisfaire toutes les demandes. Christophe Jacquinet compense avec des réunions régulières où il est question des MIGAC, des contrôles T2A, ou encore de la chirurgie ambulatoire. « Il n’y a pas de grosses difficultés dans ma région. Apparemment, il y a des régions où cela se passe mal. Mais je ne connais pas les situations dans le détail », conclut-il prudemment.
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