On l'oublie parfois mais la première mission des 17 URPS où siègent les médecins libéraux élus par leurs pairs — répartis selon la taille de la région — est de représenter la profession dans les territoires face aux agences régionales de santé (ARS), en jouant un rôle d'interface.
Les praticiens désignés peuvent peser sur l'analyse des besoins de santé et de l’évolution de l’offre de soins, l'organisation de l'exercice (permanence des soins ambulatoires, gestion de crise sanitaire, prévention, futur service d'accès aux soins universel) ou encore les regroupements – MSP, pôles, maisons médicales de garde et CPTS. À ce titre, les URPS sont en quelque sorte les « Parlements médicaux » chargés de porter la voix libérale en région.
Reste que, dans cette campagne, plusieurs syndicats ont pointé le rôle très insuffisant de ces URPS ML, réduites à leurs yeux au rôle de chambre d'enregistrement. Sur le terrain, pas simple de composer avec la tutelle sanitaire, jugée « trop bureaucratique », « hospitalo-centrée » et « peu facilitatrice ». L'impatience est d'autant plus forte que la crise sanitaire a mis en lumière ces dysfonctionnements. « Beaucoup d'acteurs libéraux de terrain se sont mobilisés, souvent par le biais des CPTS, pour prendre en charge les patients. Les URPS se sont coordonnées entre elles et avec les hôpitaux. Mais selon les régions, ils ont été plus ou moins bien soutenus, le lien ARS/terrain a été décevant », analyse Joy Raynaud, consultante spécialiste de l'accès aux soins pour plusieurs structures libérales.
Certaines Unions seraient-elles encore trop frileuses pour s'affirmer face aux ARS ? « En tout cas, les URPS pourraient avoir plus de poids, notamment sur l'accès aux soins, avance la consultante. Elles ont un rôle demain, d’autant que le médecin libéral travaillera de plus en plus dans une logique populationnelle et territoriale. » Les nouvelles assemblées médicales pourraient se montrer plus offensives. « Là où les URPS sont puissantes et ont des élus présents et qui connaissent les dossiers, les médecins sont mieux défendus et indemnisés pour les actions de santé publique », assure la branche généraliste de la CSMF.
Diversifier les interlocuteurs
Le Dr Philippe Arramon-Tucoo, président de la conférence nationale des URPS médecins libéraux, insiste sur cet enjeu régional. « Nous avons un rôle majeur à jouer sur les territoires en tant que dernières structures totalement libérales et autonomes par leur financement, assure le radiologue. Ces dix dernières années, les URPS se sont structurées et sont devenues professionnelles, les élus ont davantage d’expérience. Le rajeunissement et l’équilibre de la pyramide des âges sont également une bonne chose. »
Pour gagner leur place, les URPS ML devront apprivoiser d’autres interlocuteurs locaux. « Il y a des acteurs avec lesquels nous devons mieux travailler comme les collectivités territoriales, les départements et les préfectures, constate le patron de la conférence nationale des URPS ML. Dans tous les cas, il faudra laisser une place importante aux initiatives des libéraux et prouver aux tutelles que les URPS sont des structures importantes, afin qu’elles perdurent. »
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Patrick Hassenteufel, Professeur de science politique (Université de Versailles Saint-Quentin)
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