Septième vague liée au SARS-CoV2. Pourtant les pouvoirs publics, et même bon nombre de confrères médecins partout en France, avaient juré mordicus que la précédente allait sûrement être la dernière et que « Omicron [était] une chance », sous-entendu, ce virus moins agressif en apparence allait nous permettre de développer une immunité nous protégeant contre tous les variants à venir.
Force est de constater qu’une fois encore, ce coronavirus n’a pas la faculté de nous écouter, même si nous décrétons unilatéralement que nous en avons fini avec lui. Il nous faut nous rendre à l’évidence, nous ne contrôlons pas son évolution. Il est libre de faire ce que la nature lui permet de faire.
Partant de ce constat, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à « vivre avec le virus ». Ce qui pourrait, de prime abord, passer pour des paroles de sagesse, n’est en fait qu’une forme au mieux de capitulation, au pire d’égocentrisme. Capitulation, car vivre avec le virus équivaudrait à accepter que nous ne puissions rien faire contre lui et qu’il nous faut intégrer l’idée de devoir le côtoyer de nombreuses années encore, à l’image du virus de la grippe qui, pourtant, n’a pas grand-chose à voir avec le coronavirus en termes de nombre de morts, d’hospitalisations et de contagiosité…
Apprendre à vivre avec, soit. Mais dans ce cas il nous faut adapter notre environnement afin de lui laisser le moins d’opportunités de contagion possibles. Faire en sorte que, si quelqu’un devait être contaminé, nous reconnaissions l’évidence que tout ce qui était possible avait pourtant été fait pour l’éviter. Il faudrait alors changer de paradigme et qu’enfin les pouvoirs publics acceptent l’idée qu’un virus aéroporté se transmet essentiellement par l’air, et que donc se laver les mains 100 fois par jour ne l’empêchera pas de pénétrer vos fosses nasales pour autant. Cela voudrait donc dire qu’il nous faudrait une grande politique de renouvellement de l’air dans les lieux clos, des systèmes de filtration optimisés dans les transports, et le retour de l’obligation du port du masque dans les transports quand l’incidence dépasserait un seuil restant à fixer. L’empilement de ces mesures permettant de lutter efficacement contre le virus et de, vraiment, vivre avec lui.
Egoïsme et égocentrisme exacerbés
Mais vivre avec, cela peut aussi être l’avènement d’un égoïsme et égocentrisme exacerbés. Cela équivaudrait à dire « J’en ai assez de prendre des précautions pour les fragiles, qui m’empêchent de vivre normalement ». Il s’agirait alors de reporter le poids de cette lutte sur les épaules des autres, censés ne pas avoir naturellement une constitution physique leur permettant d’affronter ce petit virus « qui est une chance ». D’où la recommandation portée par beaucoup (trop) d’intervenants sur les réseaux sociaux ou les plateaux de télévision : demander aux « fragiles » de se protéger et en appeler au civisme, c’est-à-dire, à mettre un masque en présence de ces mêmes « fragiles ». Mais peut-on s’entendre sur la définition concrète de ce qu’on appelle une personne fragile ? Existerait-il un détecteur à personne fragile, qui avertirait la population alentours de la nécessité d’être altruiste et de les protéger ? Y aurait-il aussi des forces de l’ordre chargées de vérifier le bon respect et la participation de chacun aux mesures de protections des fragiles ?
Si vivre avec le virus signifie ne rien changer, laisser les autres se protéger pour pouvoir soi-même vivre dans l’insouciance de la « vie d’avant », alors nous aurons de nouveau à affronter d’autres vagues. Certaines impacteront moins l’hôpital et seront alors déclarées insignifiantes (tant pis pour tous les patients en arrêt de travail et malades, les Covid longs et pour l’impact sur l’économie). D’autres verront la médecine de ville et l’hôpital souffrir de concert ne parvenant pas à soigner tous les patients qui en auront besoin. Et ces patients viendront saturer les services d’urgences et les cabinets de médecins de ville, déjà exsangues, aggravant toujours un peu plus la situation médicale voulue à la fin des années 90 par les décideurs politiques. Des réformes sont urgentes et doivent concerner ville et hôpital pour être efficaces. Mais il faut de la volonté et du courage politique à tous les étages de la vie publique pour y parvenir.
Les soignants, majoritairement, sont dans la posture de ceux qui sentent la catastrophe arriver en espérant, comme la sœur Anne, voir venir leur sauveur. Mais, alors que ces mêmes soignants s’affairent à tenter de maintenir un système au bord de l’implosion, ceux qui regardent au loin ne voient rien de plus que le soleil qui poudroie…
Exergue : Les soignants, majoritairement, sentent la catastrophe arriver en espérant voir venir leur sauveur.
C’est vous qui le dites
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