Près de 6 millions de Français sans médecin traitant, des zones sous dotées qui s’étendent… Les déserts médicaux ont été régulièrement évoqués pendant la campagne pour l’élection présidentielle. Et les propositions se sont multipliées autour des études en santé mais aussi la coordination des professionnels de santé. À l’issue du premier tour, le 10 avril, les Français ont placé Emmanuel Macron (27,84 %) et Marine Le Pen (23,15 %) en tête. À quelques jours du second tour, leurs représentants santé répondu aux questions des rédactions du Groupe Profession Santé (dont Le Généraliste) au cours du Débat santé.
Deux candidats favorables aux délégations de tâches, mais avec des approches différentes
Sur la problématique des déserts médicaux, le Dr François Braun, représentant santé d’Emmanuel Macron, médecin chef des urgences du CHR Metz-Thionville et président de SAMU Urgences de France, l’affirme : « il n’y a pas de solutions miracles, il y a un panel de solutions ». Et il invite à étudier « des solutions à court, moyen et long termes ».
À court terme, pour le représentant santé d’Emmanuel Macron, « la solution la plus efficace est de redonner du temps aux soignants ». Son candidat entend donc « favoriser et continuer à développer l’exercice coordonné par l’ensemble des professionnels de santé, coordonné par le médecin traitant qui reste le chef d’orchestre de cette prise en charge », selon le Dr Braun. Il souligne que cela passe aussi par « continuer à diminuer ces tâches administratives indues des médecins » notamment « grâce aux assistants médicaux que nous continuons à développer et que nous allons renforcer ». Il estime ainsi « redonner 25 % de temps aux médecins qui vont pouvoir augmenter leur patientèle ».
Du côté de l’équipe de Marine Le Pen, son représentant santé, le Dr Patrick Barriot, anesthésiste réanimateur et directeur médical de l’Institut européen de formation en santé, se montre « résolument en faveur » de la délégation de tâches « ou plutôt de la redéfinition du partage des missions et des compétences ». S’il pointe le bilan du Président sortant, notamment sur le faible nombre d’infirmiers en pratique avancée, il salue les Escap, « une très bonne initiative (…) voulue et désirée par les syndicats de médecins libéraux ». Pour le prochain quinquennat, le Dr Barriot propose essentiellement la mise en place d’ « un vrai dialogue interprofessionnel ».
Le Dr Braun (représentant d’Emmanuel Macron) cite également le développement du numérique. « Pour faciliter cette coordination, il y a Mon espace santé. L’aspect numérique est essentiel et nous voulons le développer pour le suivi des pathologies chroniques », ajoute-t-il.
Des propositions autour de la formation
À plus long terme, les candidats se positionnent aussi sur le sujet des études des professionnels de santé et l’installation. Et si les propositions des 12 candidats ont oscillé entre coercition et incitation pendant la campagne, le Dr Barriot l’affirme : « Marine Le Pen s’oppose à toute mesure coercitive aussi bien qu’au conventionnement sélectif ». Après avoir cité l’exemple de la ville d’Orléans où une faculté privée devrait ouvrir une antenne, il se défend pour autant de vouloir s’appuyer sur ce type de structure et souligne : « il faut donner des moyens au système hospitalo-universitaire ». Il rappelle par ailleurs que la candidate du Rassemblement national entend « valoriser la consultation dans les zones sous dotées » et renvoie vers le programme d’aménagement du territoire.
Les deux représentants santé s’accordent néanmoins sur la nécessité de développer l’attractivité des stages dans ces zones et d’accompagner les étudiants. Le Dr Barriot liste ainsi : « il faudra payer les transports, les héberger, que leurs repas soient à des prix abordables ».
Le Dr Braun cite lui le fait de « leur donner de bonnes conditions de travail, leur donner un logement »… Pour le représentant d’Emmanuel Macron, « forcer la 4e année de médecine générale à aller dans ces territoires est une absurdité en termes de formation. Déjà parce qu’il y a besoin de cette 4e année pour améliorer les compétences. En plus, nous n’allons pas envoyer dans les zones les plus difficiles, les soldats les moins bien préparés. Bien sûr s’ils le souhaitent il faut leur donner les moyens ». Il veut également développer des « parcours d’excellence », c’est-à-dire de repérer dans ces territoires des jeunes dès le lycée intéressés par les professions de santé pour les accompagner.
La question des Padhue divise
Alors que les solutions sont proposées pour lutter contre les déserts médicaux, en formant de futurs professionnels de santé, en libérant du temps médical, etc., la question des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) a été abordée. Interrogé sur la volonté de Marine Le Pen de réduire drastiquement le recours à ces professionnels de santé, le Dr Barriot confirme et défend cette mesure. « C’est une appropriation de médecins étrangers qui manquent cruellement dans leur pays », affirme-t-il. Avant d’ajouter qu’il s’agit « d’assurer une procédure d’autorisation d’exercice qui soit réelle, aussi bien sur la compétence que sur la maîtrise de la langue française ».
Le Dr Braun lui répond que « 10 à 12 % des médecins qui exercent en France ont obtenu leur diplôme à l’étranger (…). Les Padhue, on parle de 585 dossiers déposés depuis le changement de loi, essentiellement dans des spécialités en très grandes souffrances comme la psychiatrie, la gériatrie ». Il rappelle par ailleurs la procédure estimant qu’ « in fine on a une formation identique avec des gens compétents dont on a absolument besoin ».
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