C’est un véritable coup de théâtre. Après avoir promis d’abolir l’obligation vaccinale pour l’inscription en collectivité qu’il qualifiait d’inutile et excessif – un dispositif concernant 10 pathologies, adopté en 2017 par le gouvernement de centre-gauche – Beppe Grillo, comique et fondateur du Mouvement 5 étoiles (M5s), fait marche arrière.
La semaine dernière, le trublion à la chevelure hirsute a modifié la ligne officielle du mouvement en signant le « pacte pour la science » lancé par le Pr Roberto Burioni, spécialisé en virologie. Dans ce document, Beppe Grillo s’engage à « ne plus soutenir ou tolérer la pseudoscience ou la pseudo-médecine sous toutes formes qui met la santé publique en danger (négationnisme du sida, anti-vaccination, thérapies non fondées sur des preuves scientifiques) ». L’appel du virologue, ponctuellement menacé de mort sur les réseaux sociaux par les sympathisants du mouvement « no vax » (anti-vaccination), pour sa position en faveur de la vaccination obligatoire, a été également souscrit par l’ex-président du conseil démocrate Matteo Renzi. Selon la presse italienne, Silvio Berlusconi devrait aussi signer ce pacte.
Une trahison pour les anti-vaccins représentant 5 à 10 % de l'électorat italien
« Je n’ai pas retourné ma veste, j’estime encore et toujours que l’introduction de la vaccination obligatoire est une question politique : les vaccins, lorsqu’ils sont sûrs et efficaces, sont le fruit de la science », a expliqué Beppe Grillo sur son blog. Soit, mais pour une bonne partie du M5s, la décision du fondateur du mouvement est indigeste. À commencer par le vice-président du Conseil et nouveau chef politique du mouvement, Luigi Di Maio, qui craint de perdre une partie de son électorat à moins de cinq mois des élections européennes. De fait, la révolte gronde sur les réseaux sociaux où la communauté anti-vaccination – qui représente entre 5 et 10 % du corps électoral italien – accuse le fondateur du M5s de « trahison » et jure de ne plus voter pour un mouvement qui « met le futur de l’humanité en danger en s’attaquant à la santé des enfants avec la vaccination ».
Alors que la France a adopté un dispositif rendant 11 vaccins obligatoires à partir du 1er janvier 2018, l’Italie a commencé à détricoter son dispositif l’été dernier en remplaçant le certificat rendu obligatoire pour l’inscription en collectivité par une simple déclaration des parents d’élèves.
Dans la foulée, la ministre de la Santé Giulia Grillo (M5s) avait aussi annoncé l’ouverture d’un débat parlementaire pour abolir le décret sur la prophylaxie obligatoire malgré les données soulignant une augmentation de la couverture nationale depuis l’adoption du dispositif, désormais proche du plafond des 94 % recommandé par l’OMS pour certaines pathologies comme la rougeole. « Il faut alléger la pression et la remplacer par des campagnes de sensibilisation, la population devant prendre conscience de l’importance de la vaccination », avait affirmé Giulia Grillo. Un débat qui n’a pas encore commencé et qui devient difficile après le mea culpa, même mitigé pour des raisons politiques, du fondateur du mouvement 5 étoiles.
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