Les programmes de vaccination contre le papillomavirus (HPV) ont commencé à voir le jour en 2007 à travers le monde. À partir des données de 60 millions de femmes, une méta-analyse réalisée par une équipe internationale met en évidence leur efficacité à lutter contre le cancer du col de l'utérus.
Cette étude, parue dans « The Lancet » (1), réunit les données de 14 pays à haut revenus, dont l'Australie, le Canada, l'Italie, l'Allemagne et les États-Unis. La France n'a pas été intégrée, car les données disponibles ne remplissaient pas tous les critères d'admissibilité.
Réduction des lésions CIN2 +
Cette méta-analyse est une mise à jour d'une revue systématique publiée en 2015 par la même équipe, bénéficiant d'un recul de 4 ans post-vaccination HPV. Cette première étude en incluait 18, la nouvelle en a inclus 47 de plus, avec 4 ans de suivi supplémentaire. « Les résultats étaient déjà très positifs, mais nous manquions de données pour évaluer l'impact de la vaccination sur les lésions précancéreuses du cancer du col de l'utérus », raconte au « Quotidien » Mélanie Drolet (Québec), premier auteur de l'étude.
Avec un suivi post-vaccinal de 5 à 8 ans, la nouvelle méta-analyse montre qu'en plus de réduire significativement le nombre d'infections au HPV et le nombre de condylomes anogénitaux, les programmes de vaccination permettent aussi de diminuer les lésions précancéreuses CIN2 + du col de l'utérus.
La prévalence de l'infection au HPV 16 et 18 a notamment diminué de 83 % chez les 13-19 ans et de 66 % chez les 20-24 ans, et les lésions CIN2 + ont diminué de 51 % chez les filles dépistées de 15-19 ans et de 31 % chez les 20-24 ans.
Immunité de groupe
Les garçons non vaccinés ont eux aussi tiré un bénéfice des programmes destinés aux filles grâce à l'immunité de groupe : le nombre de cas de condylomes anogénitaux a notamment baissé de 48 % chez les 15-19 ans. « Actuellement, plusieurs pays ont intégré la vaccination des garçons, comme l'Australie, les États-Unis et le Canada, mais ce n'était pas le cas au moment de notre étude », souligne Mélanie Drolet. En France, l'extension de la vaccination à tous les garçons est en cours de discussion par la Commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé. À ce jour, la vaccination est recommandée chez les filles de 11 à 14 ans et en rattrapage jusqu’à 19 ans révolus, chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes jusqu’à 26 ans et chez les personnes immunodéprimées.
Les modalités de vaccination sont très variables d'un pays à l'autre. « Certains pays choisissent de ne vacciner que les filles de 12 ans chaque année, d'autres mettent en place des campagnes de rattrapage, constate Mélanie Drolet. Par exemple, les femmes peuvent être vaccinées jusqu'à 26 ans en Australie et 14 ans au Québec ».
Identifier les meilleures stratégies
Les bénéfices les plus importants ont été rapportés dans les pays à forte couverture vaccinale, proposant la vaccination à plusieurs groupes d'âge, avec des campagnes de rattrapage. « C'est le cas de l'Australie, du Canada, du Royaume-Uni et du Danemark, liste Mélanie Drolet. Les résultats sont si prometteurs dans ces pays qu'ils permettent d'envisager l'élimination du cancer du col de l'utérus d'ici une dizaine d'années, si la couverture vaccinale est maintenue ». Selon des estimations présentées dans « The Lancet Public Health » (3), l'Australie pourrait éliminer le cancer du col de l'utérus d'ici à 2028.
« Nous travaillons actuellement avec l'OMS pour identifier les pays qui ont les meilleures stratégies pour atteindre l'élimination », conclut Mélanie Drolet. En France, des progrès sont nécessaires pour espérer atteindre cet objectif : la couverture, largement insuffisante, avoisine les 20 % de la population cible.
(1) M. Drolet et al., The Lancet, DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30298-3, 2019.
(2) M. Drolet et al., The Lancet Infectious Disease, DOI:https://doi.org/10.1016/S1473-3099(14)71073-4, 2015.
(3) M. T. Hall et al., The Lancet Public Health, DOI:https://doi.org/10.1016/S2468-2667(18)30183-X, 2018.
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