« La littérature sur l'impact du cannabis sur la peau est relativement pauvre, sans doute parce que le cannabis est quasiment toujours fumé mélangé avec le tabac et qu'il n'est donc pas facile de différencier ses effets propres », a rappelé le Pr Dominique Tennstedt (clinique universitaire, Bruxelles, Belgique).
Ses effets secondaires sont surtout visibles sur les muqueuses : conjonctivite, avec des gros vaisseaux parallèles assez caractéristiques, sécheresse buccale, candidose, parodontite, hyperplasie gingivale parfois importante, coloration verte de la langue et, signe assez spécifique de la consommation de cannabis, un angio-œdème aigu de la luette par effet toxique, qui se traduit par un gonflement en bâton de cloche.
Au niveau cutané, on peut observer une urticaire de contact, IgE dépendante, qui dure de 2 à 4 heures après la manipulation, un prurit localisé ou généralisé exposant au risque de prurigo, et un phénomène d'artérite au sens large. « Le cannabis est 15 fois plus vasoconstricteur que le tabac », a souligné le Pr Tennstedt ; les lésions vont du syndrome de Raynaud jusqu'aux ulcères artériels avec des lésions nécrotiques à l'emporte-pièce pouvant nécessiter une amputation, en passant par un épaississement des articulations avec coloration violacée chez les gros consommateurs réguliers.
« Il faut donc penser à une intoxication par le cannabis dans des situations atypiques, telles qu'un syndrome de Raynaud survenant l'été chez un homme, ou une lésion artérielle chez un sujet jeune », a insisté le Pr Tennstedt. Enfin, quelques cas de pityriasis versicolor étendu, touchant des zones inhabituelles et résistantes à un traitement bien conduit ont été rapportés et restent mal expliqués.
L'intoxication par le cannabis peut être facilement mise en évidence au cabinet médical en utilisant une bandelette de diagnostic rapide dans les urines. Le principal composant du cannabis, le THC (tétrahydrocannabinol) est très lipophile, il va donc s'accumuler dans les graisses et peut persister jusqu'à 30 jours. « Il est important de convaincre les patients d'arrêter leur consommation, car les lésions, y compris artérielles, sont dans la plupart des cas réversibles », a insisté le Pr Tennstedt.
D'après la communication du Pr Dominique Tennstedt, Clinique universitaire, Bruxelles, Belgique.
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