Face aux tests biologiques innovants se sont largement développés ces dernières années, le retour au simple signe clinique a fait, récemment, l'objet de plusieurs études concernant le cancer du côlon. Parmi celles-ci, une vaste étude rétrospective (1) présentée en juin dernier au Congrès de la Société américaine de cancérologie (ASCO) à Chicago montre que le pronostic du cancer colorectal serait lié à sa localisation (côlon droit ou gauche). Cela s'explique, notamment, par le fait que les parties droite et gauche du côlon ne proviennent pas des mêmes tissus embryonnaires. « En reprenant les données des dernières études prospectives de phase III testant les médicaments les plus optimaux, les chercheurs trouvent systématiquement un meilleur pronostic pour les cancers du côlon gauche. Par ailleurs, les études sur le sujet semblent montrer que l’ajout d’un anticorps anti-EGFR à la chimiothérapie est associé à de meilleurs résultats (quelle que soit la localisation de la tumeur) que la chimiothérapie seule. Ces résultats doivent, néanmoins, être confirmés dans de futures études », souligne le Dr Jean-Philippe Metges, oncologue, médecin coordinateur au pôle régional de cancérologie Bretagne (CHU de Brest).
Réduire les inégalités d'accès aux molécules innovantes
Autre actualité de taille, l’immunothérapie présente un intérêt potentiel dans de nombreuses localisations : mélanome, mais aussi, poumon, vessie, côlon, œsophage, estomac… Lors du congrès de l’ESMO (congrès européen de cancérologie), plusieurs présentations orales (fondées sur des études de phase III et II randomisées) ont mis en lumière cette thérapeutique dans le cancer du poumon. « La KEYNOTE-024 (2) a été, probablement, la présentation la plus remarquable : sur une population ayant un cancer du poumon métastatique -et étant sélectionnée par un test diagnostique compagnon (3) immunohistochimique intitulé Dako (avec une positivité supérieure à 50 % d’expression)-, l’immunothérapie par pembrolizumab est supérieure à la chimiothérapie en 1re ligne, en termes de survie globale, de PFS (progression-free survival) et de réponse objective », indique le Dr Metges.
Aujourd'hui, avec le test compagnon (3), « le défi qui doit être relevé, c'est la prescription multidisciplinaire », ajoute le Dr Metges. De fait, l'oncologue ne décide plus seul : ce dernier ainsi que l'anatomopathologiste et tous les experts réunis en RCP prennent ensemble la responsabilité de prescrire (ou non) le pembrolizumab, en respectant le bon usage de ce médicament. « Nous souhaitons que nos patients puissent avoir accès au pembrolizumab sans retard par rapport au reste de l’Europe. Pour cela, nous devons trouver rapidement un consensus sur le test compagnon associé au pembrolizumab, comme cela est déjà le cas aux États-Unis », conclut le Dr Metges.
(1) CALGB/SWOG 80405
(2) M. Reck et al. N. Engl. J. Med 2016;375(1823)
(3) Un test compagnon permet de sélectionner par l’identification d’un marqueur prédictif les patients susceptibles de recevoir un bénéfice d’une thérapie ciblée ou d'une immunothérapie (pembrolizumab, par exemple). Ce type de test obtient l'AMM en même temps que la molécule.
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