DAVID SERVAN-SCHREIBER est médecin et chercheur en neurosciences mais il est aussi et avant tout un homme qui a « traversé le miroir », comme tout malade atteint d’une pathologie grave. « D’avoir connu les angoisses, les peines et les espoirs d’un malade, ça aide à devenir plus humain », écrit-il. Après un combat de dix-neuf ans contre un cancer opéré en 1992, l’auteur à succès d’« Anticancer » doit affronter une nouvelle épreuve, la rechute, la deuxième après celle de 2000. Le diagnostic est sévère : c’est un glioblastome de stade IV, dont le pronostic est parmi les plus mauvais de tous les cancers, avec une médiane de survie de quinze mois. Cette fois c’est « le "big one" ».
Le témoignage courageux qu’il livre, dans l’urgence d’une fin qu’il sait prochaine, se veut une leçon de vie adressée à ses lecteurs-patients, à sa famille et peut-être aussi aux médecins. À propos de sa rechute, il affirme : « J’ai tout de suite su, sans l’ombre d’un doute que j’allais faire ce qu’il fallait pour lutter. J’allais trouver les thérapies conventionnelles les plus adaptées à ma situation. Et j’allais les renforcer par mon programme anticancer. »
Saturation de sens.
Les traitements les plus modernes n’auront peut-être pas suffi : chirurgie, billes radioactives implantées dans le cerveau, vaccin concocté sur mesure contre la tumeur. Le programme anticancer non plus. « Peut-être ne fêterai-je pas mon cinquante et unième anniversaire. Mais je suis heureux d’avoir été porteur de valeurs auxquelles je reste extrêmement attaché. Cet ensemble de valeurs, qui n’a pas vraiment de nom français, est appelé en anglais empowerment (...) Il s’agit de la capacité vitale de reprendre le pouvoir sur soi-même. Je suis très fier d’avoir contribué à faire avancer cette idée dans mon domaine, la médecine – même s’il reste du chemin à faire », confie-t-il. Et même si cela lui a coûté un peu de sérénité, celle qu’aurait nécessité la vie équilibrée et le respect des rythmes veille/sommeil qu’il préconise dans son programme. Mais il ne regrette rien. Les batailles parfois épiques qu’il a dû livrer pour défendre ses positions « ont littéralement chargé (sa) vie de sens ... une telle saturation de sens est une expérience unique à laquelle il m’a été impossible de trouver des réponses ».
Peut-être n’était-ce tout simplement pas son tempérament, lui qui a été « modelé, à la dure » par un père ancien pilote de chasse, qui lui a appris les vertus du courage en l’obligeant à sauter dans l’eau malgré la peur des requins. Surf, parapente, canyoning, ski ont d’ailleurs toujours été ses sports préférés. Il avoue d’ailleurs : « Je dois confesser qu’il m’arrive de percevoir ma rechute comme un défi passionnant quasi vivifiant. Comme si une très grosse vague avait fracassé mon train-train et m’avait plongé dans une mer démontée. ».
Il sait qu’un autre combat se présente à lui : réussir une autre traversée, celle de la mort, même s’il s’efforce de « nourrir la vie à l’intérieur de » lui-même. De la mort, il faut parler. « Toute mon expérience m’amène à penser que, pour affronter au mieux la maladie, il est indispensable de se poser la question de la mort », écrit-il. Son expérience de clinicien lui a appris qu’il n’y avait pas de bon moment pour aborder le sujet et que, pour certains, peu nombreux, penser à leur propre mort était au-dessus de leur force. Pour l’immense majorité des patients, évoquer la possibilité de leur disparition est un soulagement. Le tabou brisé, il faut « surtout continuer à vivre » et à rire.
* Robert Laffont, 160 p. 14 euros.
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