LE CANCER est la première cause de mortalité chez l’homme et la deuxième chez la femme. Grâce aux avancées thérapeutiques, en particulier médicamenteuses, la maladie devient chronique chez de nombreux patients, soulevant de nouvelles problématiques de prise en charge. Ce sentiment est partagé par le Pr Josy Reiffers, Président d’UNICANCER, fédération des centres de lutte contre le cancer, « le traitement du cancer a considérablement changé, faisant appel de plus en plus à une prise en charge ambulatoire et à une médecine de plus en plus personnalisée. Tout ceci est le fruit de l’innovation qui doit être accessible sur tout le territoire. » Pour répondre à cet objectif, selon Josy Reiffers, des efforts doivent être réalisés sur le plan organisationnel : « mieux organiser les réseaux ville/hôpital et la médecine ambulatoire ; cela sous-entend des plateaux techniques de radiothérapie et de chirurgie très performants, sophistiqués. Cette évolution organisationnelle remet en cause les structures immobilières classiques des établissements de santé » ajoute-t-il. De fait, le modèle économique de ces établissements, essentiellement basé sur la tarification au séjour est à revoir. « Il faut tenir compte des nouveaux paradigmes avec l’arrivée des thérapies ciblées par voie orale et repenser notre hospitalisation qu’elle soit publique ou privée puisque la prise en charge est de plus en plus ambulatoire », explique le Dr Bernard Couderc, président du Conseil national de cancérologie (CNC). Les coordonnateurs de soins seront indispensables dans l’articulation avec les équipes de premiers recours, en particulier le médecin traitant, le pharmacien d’officine et les infirmières libérales. « Il ne faut pas oublier les réseaux de santé que ce soient les réseaux régionaux en cancérologie ou les réseaux de territoire dont le financement doit être maintenu » a affirmé J. Reiffers.
Les sept initiales de l’acronyme « C.A.N.C.E.R.S » résument les propositions et attentes fortes des professionnels de santé présents à ces rencontres. Le Pr Véronique Trillet-Lenoir, présidente des RCFr 2012 et secrétaire générale du CNC les a explicitées :
- Le « C » pour coordination des soins dont les enjeux sont la mise en adéquation entre les progrès technologiques en particulier médicamenteux et les structures hospitalières qui ne sont plus adaptées ; les réseaux hôpital/ville doivent être reconnus, identifiés et probablement financés.
- Le « A » pour accessibilité équitable aux innovations diagnostiques et thérapeutiques ; cela pose le problème du financement dans un contexte budgétaire contraint de l’organisation des soins puisque les traitements ne seront accessibles que si les acteurs de santé sont présents c’est-à-dire si la démographie médicale répond aux attentes.
- Le « N » pour iNnovation qui exige de poursuivre les efforts entrepris au niveau régional (plateformes de biologie moléculaire) dictés par les Plans Cancers précédents.
- Le « C » pour coopérations interprofessionnelles, thématique dans laquelle UNICANCER et le Conseil national de cancérologie (CNC) sont très fortement engagés. Un protocole national de délégation de prescriptions des médecins aux infirmières en matière de chimiothérapie orale a été validé sous réserve de conditions de formation des acteurs et de sécurité des soins qui devront être respectés.
- Le « E » pour échanges internationaux qui, cette année, se concrétise par une collaboration entre la région Rhône-Alpes, le cancéropôle CLARA, la Chine et la municipalité de Shanghai. « Le développement compétitif en cancérologie se fera à une échelle mondiale et probablement pas à une échelle hexagonale ».
- Le « R » est celui de la recherche. Les dispositifs exceptionnels qui ont été mis en place par les plans cancers 1 et 2 et par l’INCa doivent être maintenus et renforcés, en particulier les cancéropôles sont des structures qui permettent de progresser et d’avancer, ils doivent être conservés. Il faut également une simplification des structures de recherche au niveau régional et national. Il faut une incitation à la recherche translationnelle grâce à des appel d’offres spécifiques, ciblés, travailler en interdisciplinarité (science humaine, sociale…) sur des sites homogènes dans un objectif commun : création des sites intégrés de recherche en cancérologie.
« Les taux d’inclusions dans les essais cliniques doivent augmenter ; la recherche clinique doit faire partie de l’exercice au quotidien de la cancérologie. Pour remplir cet objectif, il faut soutenir les centres hospitaliers, les hôpitaux généraux et le secteur libéral qui représentent une masse critique très importante » a souligné Bernard Couderc.
- Le « S » est la sécurité. Les professionnels de la cancérologie ont anticipé une crise sanitaire qui pourrait ou aurait pu survenir en chimiothérapie. « Nous nous sommes engagés en lien avec la Haute Autorité de Santé (HAS) dans des actions de prévention des accidents et de recommandations de bonne pratique et de maintien de la qualité et de la sécurité des soins » a conclu le Pr Trillet-Lenoir.
D’après la conférence inaugurale des RCFr 2012.
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