En oncologie, la consultation d’annonce suit les recommandations HAS d’annonce de toute maladie chronique grave. Programmée en évitant fins de journée et de semaine, elle dure environ une heure et vise à informer le patient et répondre à ses questions.
Souvent, il sait qu’il a un cancer, est accompagné d’une personne de confiance et a déjà été vu par un chirurgien spécialisé. Son dossier a été discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire et la prise en charge est validée. L’infirmière d’annonce présente sera son interlocutrice privilégiée. L’annonce en chambre ou en réanimation est plus rare (entrée bruyante dans la maladie, découverte fortuite, diagnostic de récidive…).
Une consultation longue
L’interrogatoire reprend histoire de la maladie, antécédents, traitements, mode de vie, profession (recherche d’exposition) et ergonomie du domicile. « Je redis le mot cancer, explique le pronostic selon le stade et la pathologie et, si le patient pose la question des statistiques précise qu’elles n’ont aucune valeur à l’échelle individuelle. J’expose les possibilités thérapeutiques et celle retenue (chimiothérapie, thérapie ciblée ou immunothérapie). J’explique le mécanisme d’action, l’efficacité attendue de chaque médicament… Mais aussi les possibles effets secondaires avec leur fréquence et leurs risques (par exemple aplasie sous chimiothérapie) et souligne qu’ils sont loin d’être systématiques. Enfin, j’indique la conduite à tenir en cas de symptômes, mon mail et le numéro du service », précise le Dr Andriantsoa.
La spécialiste remet au patient un programme personnalisé de soin avec le protocole de chimiothérapie, les modalités d’évaluation, de suivi et une frise chronologique des échéances (cures, imageries). Cette fiche de référence guide le patient et tout médecin qu’il consulterait, notamment en urgence. La consultation se poursuit par un examen clinique, parfois un bilan biologique ou radiologique et souvent l’organisation de la pose de Port-a-Cathéter. « Un compte rendu est adressé au médecin traitant par la poste », précise le Dr Andriantsoa qui déplore « l’absence actuelle de plateforme sécurisée pour accéder au dossier ».
Gérer le suivi
Les effets secondaires des traitements oncologiques relèvent de prises en charge symptomatiques. L’administration systématique d’antiémétiques en IV lors des cures de chimiothérapie (antagoniste NK1 Emend®, ondansétron Zophren® et corticoïdes) a révolutionné la tolérance des traitements cytotoxiques. Nausées et vomissements persistants cèdent sous antiémétiques usuels (Motilium®, Vogalène®, Primpéran®, si besoin courte cure de corticoïdes par exemple 2 jours à 40 mg/j puis 2 jours à 20 mg/j) ; après avoir éliminé une colite (ni fièvre, ni sang dans les selles), les diarrhées s’estompent sous pansement digestif (Smecta®) ou antisécrétoire (Tiorfan®). Éviter les ralentisseurs du transit (Imodium®) !
L’immunothérapie réactive la réponse immunitaire antitumorale qu’inhibait la tumeur. L’atteinte thyroïdienne dysimmunitaire assez fréquente, non grave (hyperthyroïdie initiale par relargage hormonal lié à la lyse cellulaire puis hypothyroïdie) peut se solder par une supplémentation en hormones thyroïdiennes ; « Les complications dysimmunitaires graves neurologiques (polyradiculonévrite comme le syndrome de Guillain-Barré, encéphalite…), cardiaques (myocardite…) ou pulmonaires (pneumopathie interstitielle possible plus tardive) peuvent répondre de façon spectaculaire à une corticothérapie à forte dose (jusqu’à 3 mg/kg/j en IV, à l’hôpital) », note la spécialiste.
« Or cette corticothérapie à fortes doses ne diminue pas l’efficacité de l’immunothérapie ! Le dogme de l’antagonisme entre corticothérapie et immunothérapie qui limite aujourd’hui toute corticothérapie concommitante au long cours à 10 mg/jour d’équivalent Cortancyl pourrait donc céder… », conclut le Dr Andriantsoa.
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