La télémédecine de circonstances

Des systèmes bientôt de routine

Publié le 12/06/2014
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Dans le Diabète gestationnel, Serban Puricel (Lausanne) a rapporté les résultats obtenus chez 24 femmes, la moitié recevant le système « G-Demande », les autres suivies de façon habituelle (abstract O53). Ce système, embarqué sur un smartphone Samsung Galaxy, permet d’analyser à distance les résultats des 6 glycémies quotidiennes et de générer des alertes automatiques vers les soignants en cas d’hypo- ou d’hyperglycémies en dehors des bornes préalablement fixées, charge au soignant de rappeler ou non ensuite la patiente pour l’aider à réajuster son traitement. L’acceptabilité du système a été bonne chez toutes les patientes. La glycémie médiane était légèrement mais significativement meilleure chez les patientes suivies par ce système de télémédecine comparativement au suivi classique (5,4 mmol [4,7-6,4] contre 5,7 mmol [4,9-6,7]) p ‹ 0,001 (abstract O53).

Passage sous insuline du DT2

Éric Benamo (Avignon) a présenté, au nom du groupe Télédiab 2, les résultats de l’étude multicentrique nationale évaluant l’impact du système Diabéo appliqué au diabète de type 2 au moment de l’échec des ADO et de la mise sous insuline basale (abstract O54). Il s’agit d’un carnet électronique interactif embarqué sur un smartphone, permettant d’une part une recommandation automatique de dose d’insuline en fonction des résultats glycémique des jours précédents, et d’autre part, un coaching automatisé mais personnalisable, générant des conseils comportementaux en cas de mauvais résultats glycémiques postprandiaux ou en fin de demi-journées, ou en cas d’automesures glycémiques insuffisantes.

Ces données, télétransmises aux soignants permettent un télésuivi et des consultations téléphoniques ciblées, en cas de problèmes. 190 patients DT2 ont été inclus. Un tiers avait reçu le smartphone et baissait leur HbA1c de 1,48 %, au bout de 4 mois, alors que le groupe témoin (2e tiers) ne s’améliorait que de 0,92 % (p = 0,0017). Enfin, le dernier tiers des patients recevaient seulement un système de serveur vocal via leur téléphone fixe, qui le limitait à la prescription automatisée de la dose d’insuline basale en fonction de la glycémie matinale. À 4 mois, le résultat était identique au groupe smartphone (-0,44 %) ; le serveur vocal était ensuite interrompu et les patients revenaient à un suivi conventionnel identique au groupe témoin.

Neuf mois plus tard (13 mois en tout), 40 % des patients qui avaient continué à bénéficier du smartphone et du suivi télémédical, avaient une HbA1c ‹ 7,0 %, contre 19 % seulement parmi les autres patients p = 0,007. La question de l’usage en routine et donc celle du financement de tels systèmes par l’Assurance Maladie est posée… Mais non encore résolue !

DT1 mal équilibrés

Cette question cruciale du financement sera peut-être résolue pour le DT1, une fois l’étude Télésage terminée. Sylvia Franc a présenté le protocole de cette grande étude nationale qui est sans doute dans ce domaine une première mondiale (abstract PO25). Il s’agit d’évaluer à grande échelle le système DIABEO. Rappelons qu’il s’agit d’un carnet électronique interactif embarqué sur smartphone (Iphone ou android), comportant trois fonctions :

1) Un logiciel de calcul de dose d’insuline prandiale mais aussi des débits de base de la pompe, avec un mécanisme d’auto-amélioration en fonction des résultats obtenus et des objectifs du patient ;

2) Un logiciel d’analyse automatique des données apte à générer des alertes vers le patient lui-même ou le soignant autorisé, en cas de résultats sortant des objectifs ;

3) Un logiciel de coopération interprofessionnelle gérant la délégation de tâche vers des « infirmiers télémédecine », venant en appui du médecin et œuvrant auprès du patient selon les souhaits du médecin.

Cette étude, dont le promoteur est Sanofi, se propose d’inclure 700 patients chroniquement mal équilibrés (HbA1c› 8 %) malgré un schéma basal bolus par multi-injection ou pompe, dans une centaine de centres (incluant des libéraux). Un groupe de patients recevra le système complet avec délégation de tâche, un autre, le système sans la délégation de tache, et il y aura un groupe témoin. L’objectif est de confirmer, au bout d’un an, les résultats obtenus à 6 mois chez les 180 patients de la précédente étude Télédiab 1, soit une amélioration de l’HbA1c de 0,9 %. L’étude sera poursuivie deux ans afin de disposer de données médico-économiques suffisamment solides pour obtenir le financement du système par l’assurance-maladie.

Dr S.F.

Source : Bilan spécialistes