« LE DIABÈTE de type 1 est une maladie très technique, dont la prise en charge est complexe et qui nécessite une formation et une éducation thérapeutique approfondie », souligne le Dr Guillaume Charpentier. Il touche des sujets jeunes actifs qui, 4 fois par jour, sont contraints de calculer leur dose d’insuline en l’adaptant en fonction de plusieurs paramètres, leur glycémie, la composition de leur repas et leur activité physique. Ils doivent aussi prendre en compte les résultats des jours précédents. Même s’ils sont bien formés et très motivés, ces astreintes quotidiennes sont lourdes et, au fil du temps, particulièrement « usantes », si bien que nombre de patients relâchent leurs efforts et négligent peu à peu les dosages glycémiques et les adaptations thérapeutiques pourtant indispensables au contrôle de leur diabète et à la prévention des complications.
La technologie, et plus particulièrement les systèmes de télémédecine, peuvent aujourd’hui leur faciliter la tâche et donc améliorer leur observance thérapeutique et, in fine, leur qualité de vie. Ainsi, Diabéo, un dispositif conçu par le centre de recherche Ceritd* et développé par la société Vonluntus Voluntis et le laboratoire Sanofi, constitue une aide précieuse. Il est adapté aux Smartphones et comprend trois systèmes intelligents. Un premier logiciel permet de calculer instantanément les doses d’insuline en fonction des différents paramètres selon les instructions du diabétologue. « C’est la prolongation de la prescription médicale », souligne le Dr Guillaume Charpentier, « le docteur est dans la boucle… », ajoute-t-il. Les données quotidiennes de glycémie et les doses d’insuline sont enregistrées dans un carnet électronique. Celles-ci peuvent être transmises au soignant via un site web sécurisé. Un deuxième logiciel d’analyse automatisée des résultats génère des alertes lorsque des seuils prédéterminés par le médecin pour chacun de ses patients sont dépassés. Ce système d’alerte paramétrable permet au médecin d’intervenir de façon ciblée. Diabéo comporte en plus un logiciel de délégation des tâches. La surveillance du diabétique peut ainsi être assurée par une infirmière spécialisée qui gère en outre un plan d’éducation thérapeutique personnalisé pour chaque patient. Le système permet ainsi d’économiser du temps médical en redistribuant les tâches.
Diabéo a fait la preuve de son efficacité dans une étude pilote, Télédiab 1, dont les résultats ont été publiés dans Diabetes Care en mars 2011. Cette étude 1 a montré que le système assure une diminution de 0,9 % de l’HbA1c chez des patients dont le diabète était mal contrôlé depuis longtemps. La preuve du concept ayant ainsi été apportée, une grande étude sur 750 patients, dénommée Télésage, réalisée en partenariat avec Sanofi devrait commencer au printemps prochain.
La télémédecine peut également constituer une aide intéressante pour le patient diabétique de type 2. Sur le même principe, un système a été mis au point par le CERITD et est actuellement en cours d’évaluation dans une étude pilote, Télédiab 2. Le patient dispose dans son Smartphone d’un carnet électronique dans lequel il inscrit ses taux de glycémie postprandiale, un système d’alerte prédéterminé se déclenche si elles sont trop élevées, l’incitant alors à modifier son alimentation et à augmenter son activité physique. Comme pour le diabète de type 1, le système permet de transférer les données au soignant, qui peut ainsi assurer le suivi thérapeutique et renforcer une éducation thérapeutique personnalisée.
D’après un entretien avec le Dr Guillaume Charpentier, diabétologue au CHSF Corbeil-Essonnes et Président du Ceritd.
*Centre d’études et de recherche pour l’intensification du traitement du diabète
*En collaboration avec la société VOLUNTIS et la société ORANGE
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