Pour optimiser la mesure en continu du glucose

Publié le 15/10/2021
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S'ils ont apporté une indéniable amélioration de la surveillance glycémique, les systèmes de mesure en continu du glucose gardent quelques limites, notamment chez les patients qui ne ressentent pas leur hypoglycémie et donc ne les consultent pas.
Un quart des patients atteints de diabète de type 1 ne ressentent pas leurs hypoglycémies

Un quart des patients atteints de diabète de type 1 ne ressentent pas leurs hypoglycémies
Crédit photo : phanie

Depuis quelques années, l’autosurveillance glycémique a connu un bouleversement, avec l’arrivée des systèmes de mesure en continu du glucose (MCG). Par rapport aux méthodes traditionnelles comme l’autosurveillance de la glycémie capillaire, qui donnent des lectures de glucose à des moments spécifiques, la MCG fournit des données continues sur l’ensemble des 24 heures permettant aux patients diabétiques de suivre plus précisément leur glycémie et de détecter une hypoglycémie imminente, réduisant ainsi potentiellement la fréquence et la gravité d’un épisode hypoglycémique. Cette technologie présente toutefois des limites.

Des écarts à connaître pour comprendre

Il existe d’abord des écarts observés entre les résultats de la glycémie capillaires et la MCG, d’autant plus importants que les variations glycémiques sont fortes et rapides.  « Cela est lié au retard de l’équilibration du glucose interstitiel (GI), mesuré par la MCG, par rapport à la glycémie », a expliqué A. Iqbal (Royaume-Uni). La durée du décalage est d’environ 10 minutes en cas de montée glycémique et jusqu’à 6 minutes en cas de descente. Ce temps de latence entre glycémie capillaire et GI est toutefois moins marqué avec les systèmes de dernière génération. Ce phénomène est important à connaître pour bien interpréter les valeurs de la glycémie. Ainsi, en cas de glycémie stable, les taux annoncés seront proches de ceux de la glycémie capillaire. Cependant, au cours d’une augmentation glycémique, la valeur affichée sera généralement plus basse que la glycémie capillaire au même instant. À l’inverse, en cas de chute glycémique, la valeur affichée sera plus élevée que la glycémie capillaire, et le patient pourra commencer à présenter des symptômes d’hypoglycémie alors que les valeurs affichées sont encore normales, pouvant créer de l’incompréhension.

Sensibiliser à l’hypoglycémie

De nombreuses données issues d’études cliniques montrent que l’utilisation des MCG permet la détection et la prévention des hypoglycémies sévères (1). En revanche, cela semble moins efficace chez les personnes ne ressentant pas leur hypoglycémie. Une altération de conscience qui affecte plus d’un quart des personnes atteintes de diabète de type 1 et augmente leur risque d’hypoglycémie sévère par six.

S. Amiel (Royaume-Uni) a présenté une nouvelle approche, le programme Harpdoc, pour aider à rétablir la sensibilisation à l’hypoglycémie chez les diabétiques de type 1 ayant perdu la capacité de ressentir une baisse de la glycémie et ainsi éviter les épisodes sévères et persistants malgré un contrôle optimisé. Ce programme associe éducation et thérapie cognitivocomportementale (TCC), délivrées par des éducateurs spécialisés (infirmiers, diététiciens, psychologues cliniciens). Les résultats d’un essai contrôlé randomisé mené avec ce programme ont été présentés au congrès. À la fin de l’essai, les taux d’hypoglycémies sévères étaient tombés à un peu plus d’une dizaine de la valeur avant l’étude.

Enfin, la MCG est utilisée en recherche, pour étudier les conséquences des hypoglycémies. Dans ce domaine, une question importante est de savoir si les taux du GI ont un impact plus important et plus direct sur le fonctionnement cérébral ou cardiaque que les valeurs de glucose dans le sang, car cela donnerait un intérêt supplémentaire aux systèmes de MCG.

Exergue : Un quart des patients atteints de diabète de type 1 ne ressentent pas leurs hypoglycémies

Easd 2021. Session S18, symposium « Hypoglycaemia : unanswered questions » ; session S70, symposium « A novel approach to problematic hypoglycaemia : the HARPdoc RCT »(1) Diabetes Care 2017 Dec; 40 (12) : 1631-40

Dr Philippe Massol

Source : Le Quotidien du médecin