LA CAPSULE VIDÉO-ENDOSCOPIQUE est un mini-endoscope intégré au sein d’une gélule de petite taille (26mm sur 11 mm) qui capte des images au cours de sa progression le long du tractus digestif. Les images, grâce à un faisceau d’antennes collées sur l’abdomen du patient, sont envoyées par radiofréquence ou transductance vers un enregistreur puis traitées pour reconstituer un film, qui est alors lu par un médecin.
De la taille d’une gélule d’antibiotique, elle gest avalée avec une gorgée d’eau puis est éliminée par voie naturelle. Sa batterie a une durée de vie de 8 à 10h, ce qui autorise un examen complet de l’intestin grêle, ou pour certaines d’entre elles, du côlon. La qualité des images s’est nettement améliorée avec le développement de la technique qui date du début des années 2000. Les capsules actuelles, de troisième génération, offrent en effet un angle de vue plus large et une meilleure qualité électronique et optique.
Dans l’indication première, l’exploration de l’intestin grêle, la préparation est moins intense que celle exigée pour une coloscopie, mais impose un lavage et le respect du jeûne afin d’éliminer les résidus qui peuvent stagner au niveau de l’iléon ou de la parte proximale du grêle. L’examen, qui peut être réalisé en ambulatoire, dure environ 8 heures, la création de l’enregistrement une vingtaine de minutes mais la lecture reste assez longue, de 30 à 45 minutes ce qui demande du temps-médecin.
La capsule du grêle est indiquée en France dans l’exploration de l’intestin grêle dans des conditions précises de remboursement : les saignements digestifs obscurs, dont l’étiologie n’a pas pu être prouvée par la gastroscopie et la coloscopie, que le saignement soit extériorisé (hématémèse, rectorragies ou méléna) ou occulte. Cet examen est également indiqué dans l’exploration d’une anémie chronique ferriprive, lorsque le bilan digestif par coloscopie et gastroscopie, et le bilan gynécologique chez la femme, sont négatifs.
La rentabilité diagnostique de la capsule endoscopique chez les patients avec un saignement digetif obscur est d’environ 60%. Cette rentabilité peut être augmentée en réalisant l’exploration en période hémorragique. D’autre part, les études ont confirmé la très bonne valeur prédictive négative de l’exploration par capsule vidéo-endoscopique : lorsque la capsule est négative, une pathologie de l’intestin grêle n’est pas retrouvée par la suite. « La capsule endoscopique a constitué de ce fait une avancée très utile pour l’exploration de l’intestin grêle, jusqu’alors limitée à sa partie proximale ou distale, qui étaient seules accessibles à l’endoscopie classique », note le Pr Michel Delvaux.
Les indications de la capsule se sont ensuite étendues à l’exploration de l’intestin grêle en cas de suspicion de maladie de Crohn de localisation intestinale non accessible aux explorations habituelles (notamment iléocoloscopie négative). Elle est également indiquée en cas d’anomalie radiologique du grêle mise en évidence sur un examen d’imagerie et nécessitant une exploration complémentaire, ainsi que dans le suivi de certains patients souffrant de maladie coeliaque ou de polypose familiale avec localisation au niveau de l’intestin grêle.
L’exploration par la capsule peut être si besoin complétée par la réalisation d’une entéroscopie double ballon, examen qui permet d’accéder par voie orale à l’iléon proximal ou moyen et, par voie rétrograde, à la dernière partie de l’iléon et donc d’effectuer des biopsies, une électrocoagulation (en cas d’angiome par exemple), une polypectomie ou encore de dilater une sténose.
Pour l’œsophage.
D’autres capsules sont en cours de développement, pour l’exploration de l’oesophage, notamment pour le dépistage des varices oesophagiennes et de l’endobrachyoesophage et pour l’exploration du côlon. Dans ce contexte, l’examen par capsule vidéo-endoscopique pourrait avoir un intérêt dans le dépistage des polypes et du cancer colorectal. Son développement dans cette indication n’est pour l’instant pas validée. La réalisation d’une capsule colique requiert une préparation intestinale parfaite nécessitant un réel effort de la part du patient.
Les progrès techniques futurs porteront sur la possibilité de guider à distance la capsule, par des systèmes magnétiques (IRM ou contrôle transcutané par exemple), ce qui pourrait à terme autoriser l’exploration de l’estomac. Enfin, dans une vision futuriste, les capsules pourront peut-être permettre un jour de réaliser des biopsies ou d’apporter, in situ, des médicaments.
En conclusion, la capsule endoscopique a conquis une place importante dans l’exploration des maladies de l’intestin grêle, notamment chez les patients présentant un saignement digestif obscur. Les futures applications au niveau du côlon, en particulier pour le dépistage du cancer colo-rectal doivent être validées.
D’après un entretien avec le Pr Michel Delvaux, service d’Hépatogastro-entérologie, Hôpital Civil, CHRU, Strasbourg.
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