Hépatite C

Un tournant thérapeutique décisif

Publié le 19/12/2013
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Sofosbuvir, interféron, ribavirine, la toute nouvelle trithérapie, annoncée pour 2014, va amorcer un tournant décisif dans le traitement de l’hépatite C. Si l’arrivée des antiprotéases (bocéprévir, télaprévir) il y a 2 ans à peine, avait déjà fait reculer les lignes, les antipolymérases augurent encore mieux. Le chef de file des antipolymérases (anti-NSB), le sofosbuvir (Gilead Sciences) a confirmé son potentiel en phase 3. Utilisée en association avec l’interféron (IFN) et la ribavirine, on obtient un taux de guérison de 80 à 90 % pour un traitement court de 3 à 6 mois. Les patients les plus sévères, en particulier avec cirrhose ou antérieurement non répondeurs peuvent répondre à ce nouveau traitement.

Déjà, se profilent d’autres combinaisons de cette antipolymérase avec d’autres antiviraux, de type antiNS5A et/ou à des antiprotéases et/ou de la ribavirine. Autrement dit, des traitements sans IFN, c’est-à-dire sans injections et sans les effets indésirables (asthénie, syndrome grippal, troubles psychiatriques…)

Étude sur le miravirsen.

Un nouveau traitement, développé par Santaris Pharma, le miravirsen, inhibiteur spécifique du micro-ARN 122 (un microARN hépatique nécessaire à la réplication du virus) entraîne une réduction prolongée et dose dépendante de la charge virale au cours de l’infection chronique par le virus de l’hépatite C.

Dans un essai international de phase 2a, l’efficacité et la sécurité du produit ont été testées chez 36 patients porteurs d’une HVC de génotype 1. Les patients étaient randomisés en 4 groupes équivalents afin de recevoir trois dosages différents : 3 mg/kg, 5 mg/kg ou 7 mg/kg ou un placebo pour une durée de 29 jours, suivis pendant 18 semaines après la randomisation. Le taux d’acide ribonucléique du VHC a diminué de façon dose dépendante par rapport à l’inclusion et de façon statistiquement supérieure au placebo. La charge virale est restée négative chez un des patients traités à la dose de 5 mg/kg et chez 4 de ceux traités par 7 mg/kg. Les effets secondaires modérés n’ont pas limité le traitement : deux événements de grade 3 (thrombocytémie modérément sévère) ont été relevés.

Deux conditions pratiques.

Si en théorie, le traitement de l’hépatite C doit être simplifié, il en va autrement en pratique.

En effet, la victoire sur la maladie espérée par ces nouveaux traitements ne pourra être établie qu’à deux conditions. La première est d’améliorer le dépistage des personnes infectées par le virus. L’hépatite C est une maladie longtemps silencieuse (période de latence de vingt à trente ans), Souvent l’événement à l’origine de la contamination est oublié ou inconnu, tout le monde est donc potentiellement concerné. Le taux de dépistage actuel stabilisé à 65 % est insuffisant.

La seconde condition est de corriger le manque de moyens disponibles pour prendre en charge l’hépatite C. La réelle perte de chance est la saturation des centres référents. Dans les services spécialisés, le délai d’attente pour une première consultation est souvent de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous. Ainsi, des traitements efficaces existent mais ils ne pourront pas être prescrits dans de bonnes conditions. Pour les patients, c’est une perte de chance car le traitement ne prévient la cirrhose et le cancer que s’il est instauré à temps.

CHRISTINE FALLET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9290