Parmi les personnes âgées et autonomes à domicile, une proportion non négligeable (10 à 15 %) serait fragile. Faute d’action, la fragilité peut conduire à relativement brève échéance (2 à 7 ans) à la dépendance physique, la dénutrition, ou l’instauration d’un déclin cognitif. Le risque est grand de passer à côté lors d’un banal renouvellement d’ordonnance : « Tout va bien docteur ». Le Gérontopôle s’intéresse à ceux qui viennent de se voir refuser une demande d’aide à domicile : elle peut témoigner d’une fragilité débutante. Le Dr Gabor Abellan, gériatre à l’hôpital de jour de la fragilité de Toulouse, souhaite « sensibiliser les médecins traitants qui reçoivent une lettre du conseil général refusant l’aide pour un de leur patient (classé Gir 5 ou Gir 6) : vérifiez que la demande d’aide n’est pas liée à une fragilité sous-jacente à l’aide de l’outil de repérage ». Parfois c’est l’isolement social, un amaigrissement involontaire ou une fatigue récente, des troubles de mémoire, une difficulté et/ou une lenteur de déplacement qui alertent le médecin généraliste.
Outil de repérage de la fragilité du Gérontopôle
Un outil de repérage de la fragilité
L’outil de repérage de la fragilité du Gérontopôle, une fiche de six questions simples, disponible par fax sur simple demande à l’hôpital de jour permet grâce à un dépistage rapide de conforter une constatation subjective de fragilité. Dans la région de Toulouse, le médecin peut alors adresser son patient à l’hôpital de Jour. Pour des patients qui ne consultent pas souvent, des actions de sensibilisation et de formation sont entreprises auprès des personnels d’aide de vie (aides-soignantes et infirmières à domicile, auxiliaires de vie). Étant proches des patients, ils peuvent contribuer à détecter une fragilité et alerter de façon précoce les médecins généralistes sur une marche plus lente, une plus grande fatigue…
Bilan multidisciplinaire
L’équipe de l’hôpital de jour, constituée de gériatres, généralistes, infirmières, professeur de gymnastique, diététicienne, assistante sociale…, effectue un bilan multidisciplinaire des fragilités puis élabore avec le patient un plan de prévention personnalisé en fonction des causes de fragilité retrouvées. Son impératif : avoir l’adhésion du patient pour donner au plan toutes les chances de réussir. Changer les habitudes de vie qui sont facteurs de fragilisation n’est pas facile ! Il va falloir trouver les exercices et/ou activités physiques qui permettront de développer l’endurance, la force musculaire ou l’équilibre, arriver à motiver le patient pour qu’il se nourrisse mieux et suive les conseils d’une diététicienne, ou encore à trouver le déclic qui permettra de sortir d’un isolement social (ateliers de danse, de chant…). La journée permet aussi un bilan neuropsychologique en cas de dégradation des capacités cognitives. Une fragilité dépistée chez un patient sur deux Au coût humain de la dépendance pour le malade et son entourage (perte de qualité de vie liée à la dépendance) s’ajoute une charge économique majeure pour la société que le vieillissement de la population accroît. Repousser l’âge de survenue de la dépendance en diminuerait la durée et les coûts. L’initiative de prévention de la dépendance entreprise à Toulouse sera-t-elle efficace ? Pour être évaluée, elle a besoin des acteurs de santé. En 2012, sur les 466 patients adressés à l’hôpital de jour pour bilan de fragilité, un problème médical a été dépisté chez la moitié d’entre eux. Cette année, le centre a reçu environ 700 patients. L’équipe de l’hôpital de jour travaille en collaboration avec le Département Universitaire de Médecine Générale (DUMG). Dans la région de Toulouse des médecins généralistes participent à l’Hôpital de Jour et/ou fournissent une aide précieuse pour repérer la fragilité des patients, suivre le plan de prévention et assurer un retour d’information afin de préserver la qualité de vie des patients et maintenir leur autonomie.
D’après un entretien avec le Dr Gabor Abellan, Hôpital de jour des fragilités, CHU Toulouse.
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