Une méthode de première intention

Toujours peu de DIU prescrits chez les nullipares

Publié le 27/04/2015
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Les femmes déplorent l'absence d'information reçues sur l'ensemble des méthodes à leur disposition

Les femmes déplorent l'absence d'information reçues sur l'ensemble des méthodes à leur disposition
Crédit photo : PHANIE

En France, une grossesse sur trois survient de façon non prévue ; et, deux fois sur trois, la femme prenait alors une contraception. Or, en cas de grossesse non prévue, deux femmes sur trois ont désormais recours à une interruption volontaire de grossesse.

Le choix de la contraception se porte majoritairement sur les estroprogestatifs oraux chez les femmes jeunes. Les grossesses non prévues peuvent être dues à l’absence régulière de contraception, mais aussi à une non-observance ou à un écart d’observance de contraception orale, ou encore à un changement récent ou un arrêt de contraception.

Ainsi, le dispositif intra-utérin (DIU) n’est qu’exceptionnellement adopté alors qu’il a reçu, en France, une autorisation de mise sur le marché en 2004 comme contraceptif pour les nullipares. À ce sujet, les recommandations de l’ANAES déclarent clairement dès 2004 que « les dispositifs intra-utérins ne sont pas uniquement destinés aux multipares ». Elles ajoutent qu’il s’agit « d’une méthode contraceptive de première intention, considérée comme toujours très efficace, de longue durée d’action et pour laquelle aucun risque cancéreux ou cardiovasculaire n’est établi » de plus, « aucun risque de stérilité tubaire n’a été démontré, y compris chez la nullipare ». Ce dispositif « peut être proposé à toute femme dès lors que les contre-indications à sa pose sont prises en compte ». L’Organisation Mondiale de la Santé n’émet de son côté aucune réserve quant à son utilisation chez les nullipares, même jeunes.

Un manque d’information

Les principales raisons mises en avant pour expliquer cette faible utilisation sont principalement le manque de connaissance des médecins, les mauvaises informations venant du monde extérieur, l’influence de l’histoire et de notre culture, en particulier l’affaire du scandale du Dalkon Shield au début des années 1970. Cette affaire, survenue aux États-Unis, a rendu le DIU très impopulaire. Le dispositif répondait à une attente des professionnels de santé et des patientes, sa forme en bouclier (shield, en anglais) devant être plus appropriée aux utérus des nullipares. Mais il a été critiqué en raison de son risque de grossesse et de maladies inflammatoires pelviennes entrainant une infertilité voire un décès. À l’heure actuelle, la responsabilité réelle du bouclier Dalkon Shield est toujours discutée (1).

Certaines réticences sont liées à des idées reçues. Ainsi les femmes confient qu’elles pensent devoir mettre elles-mêmes le DIU. Méconnaissant la durée contraceptive du DIU, elles imaginent une contrainte supplémentaire de fréquence des consultations. Enfin, elles imaginent certaines circonstances comme gênantes dans la vie quotidienne (sport). Les femmes citent l’absence d’informations reçues sur le DIU, de la part des gynécologues et des médecins généralistes. Elles estiment que lors des consultations de contraception, le DIU n’est pas évoqué, et dans certains cas la patiente est considérée comme inéligible et le DIU peut être refusé par le praticien.

La question de la sexualité est également souvent relevée. En effet ces femmes craignent que le port d’un DIU puisse entraver leur vie sexuelle, en étant une gêne pour leurs partenaires.

En cas de demande d’une contraception chez une nullipare, il est utile de faire la part des choses, en particulier de mettre en balance les bénéfices et les risques des différentes méthodes, y compris des DIU. Une bonne information des patientes est également essentielle. L’idée clé est sans doute qu’il n’existe pas de bonne ni de mauvaise contraception, mais que la contraception doit être adaptée à chaque patiente.

D’après la communication de Laure Rémy (université de Liège)

(1) Roepke CL, Schaff EA. Long Tail Strings: Impact of the Dalkon Shield 40 Years Later. Open J Obstet Gynecol 2014;04:996-1005

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9407