Le 13 octobre prochain sera discutée dans l’hémicycle du Sénat une proposition de loi instaurant la vaccination universelle obligatoire contre le SARS-CoV-2.
Ce texte, qui reçoit le soutien de différents acteurs de santé – Académie nationale de médecine, Fédération hospitalière de France (FHF) notamment – vise à relancer la vaccination alors que celle-ci stagne, éloignant la perspective d’une protection collective suffisante contre le virus.
Si les mesures gouvernementales ont permis d’accélérer la vaccination cet été, on observe en effet depuis la fin du mois de juillet [1], que le nombre de premières doses injectées diminue de façon constante. La vaccination est désormais essentiellement alimentée par l’administration des secondes doses.
Le conseil scientifique regrette quant à lui une proportion de personnes vaccinées parmi les plus de 60 ans encore « insuffisante, de l’ordre de 85 % » [2]. Au 14 septembre 2021, 83 % des personnes de plus de 80 ans étaient entièrement vaccinées, contre 95 % chez les 70-79 ans et 87 % chez les 60-69 ans. Cette situation tranche avec d’autres pays comme l’Espagne et le Portugal pays dans lesquels la part des personnes vaccinées chez les plus de 80 ans est, respectivement, de 100 % et de 98 %.
On comprend donc qu’il demeure d’importantes marges de progression, dans les différentes classes d’âges - des plus jeunes aux plus fragiles - et entre les différents territoires qui disposent d’une couverture vaccinale encore trop inégale, en particulier entre l’Hexagone et les collectivités ultramarines.
Le pass sanitaire n'est plus efficace
Il est légitime, à ce stade de la vaccination, et compte tenu des données scientifiques, de questionner les politiques publiques en place aujourd’hui.
Ce n’est pas qu’un hasard de calendrier si l’obligation vaccinale universelle est débattue au Sénat le jour même où le conseil des ministres discutera, lui, du projet de loi prolongeant le pass sanitaire jusqu’à l’été 2022.
La réalité est que le pass sanitaire, qui a été très efficace pour pousser les Français vers la vaccination, a maintenant épuisé ses effets en la matière. Et que les scientifiques auditionnés lors de l’instruction de la proposition de loi ont été unanimes pour constater que son efficacité sur la circulation virale est très hypothétique.
Le rapport avantages/inconvénients du pass sanitaire devient négatif, divisant les Français, limitant leurs libertés à travers des règles souvent peu lisibles, parfois incohérentes et incompréhensibles en particulier pour les adolescents.
Une vraie démarche de santé publique
La proposition d’une vaccination obligatoire universelle signe, elle, une démarche de santé publique claire, basée sur le simple ajout du vaccin contre le SARS-CoV-2 à la liste des 11 vaccins déjà obligatoires inscrite dans le code de la santé publique depuis 2018. Aussi, constitue-t-elle une démarche de protection collective et de lutte contre les inégalités territoriales et sociales, en créant un devoir de l'État d'aller vers les publics les plus éloignés de la vaccination.
La Nouvelle-Calédonie, qui la met en œuvre depuis le 3 septembre, voit le taux de vaccination progresser rapidement depuis cette date. Tout comme l’extension de l’obligation vaccinale de 2018 nous a permis d’atteindre les objectifs fixés après de longues années de stagnation.
Nous ne sommes pas encore sortis de la pandémie, et le variant Delta représente un risque élevé capable de mettre encore en difficulté notre système de soins. Il nous faut, au plus vite, gagner les quelques points de vaccination qui nous manquent. Les actions d’ « aller-vers », réclamées avec insistance par le Sénat depuis 2020, se déploient trop lentement pour y parvenir.
Pour réduire au minimum la circulation du virus tout en limitant au strict nécessaire les contraintes sur les libertés publiques, l’obligation vaccinale universelle est un bien meilleur outil que le pass sanitaire.
Le gouvernement doit agir pour assurer dans les meilleures conditions la sécurité de l’ensemble de la population tout en protégeant le personnel soignant. Savoir modifier notre stratégie et nos outils, c’est simplement savoir s’adapter à l’évolution de la pandémie. L’heure d’une obligation vaccinale universelle contre le SARS-Cov2 est venue.
[1] Après avoir atteint un pic avoisinant les 700 000 doses injectées le 21 juillet 2021, le nombre moyen de primo-injections quotidiennes a régulièrement baissé pour être légèrement supérieur à 35 000 doses le 21 septembre 2021 - Données de Covidtracker, à partir des données du ministère de la santé (http://covidtracker.fr/vaccintracker/). [2] Dans sa note d’alerte du 20 août 2021
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