Pour la première fois, les personnes vivant avec le VIH pourront recevoir un traitement à longue durée d’action injectable qui permet de ne plus prendre des comprimés oraux une fois par jour, après la phase initiale d’instauration orale.
Ce nouveau traitement associe le cabotégravir, inhibiteur de l’intégrase (INI) développé par ViiV Healthcare, à la rilpivirine, un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI) développé par Janssen (Johnson & Johnson).
Il est autorisé en switch, uniquement chez des adultes virologiquement contrôlés (charge virale < 50 copies/ml), sous traitement antirétroviral stable depuis au moins six mois, ayant plus de 200 CD4/mm³, sans preuve de résistance actuelle ou antérieure et sans antécédent d’échec virologique aux INNTI et aux INI.
« Il est recommandé d’éliminer tout risque de persistance de mutation archivée conférant une résistance, au besoin par un test génotypique sur ADN proviral avant l’instauration du traitement », souligne le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses, hôpital Tenon à Paris (AP-HP) .
Les traitements antirétroviraux ont considérablement évolué Paris en 30 ans, depuis la mise à disposition de l’AZT en 1987. En 2018, est arrivée la première bithérapie en un comprimé unique à prendre une fois par jour (Single Tablet Regimen). Aujourd’hui, l’objectif reste bien sûr, la suppression virologique et la réduction de la toxicité mais d’autres besoins apparaissent, notamment la diminution des contraintes liées à la prise des traitements. En effet, avec l’augmentation de l’espérance de vie, les patients sont sous traitement 39 ans en moyenne et le challenge est désormais d’innover en matière de mode d’administration et de facilité de prise.
« L’étude Positive Perspectives révèle que 82 % des patients souffrent toujours de stigmatisation. Apporter des traitements qui permettent une plus grande discrétion représente une réelle amélioration de leur quotidien », déclare Gabriel Martin, président France et Belgique de ViiV Healthcare.
S’affranchir d’une prise orale quotidienne
L’autorisation de mise sur le marché de cette bithérapie injectable repose sur les études pivots de phase 3, Atlas, Flair et Atlas2M, qui ont inclus plus de 1 200 patients provenant de 16 pays. Ces études cliniques ont montré que ce traitement à longue durée d'action était aussi efficace pour maintenir le contrôle virologique que le traitement antiviral oral quotidien. Les réactions au site d’injection (douleur, nodule) sont les évènements indésirables les plus fréquents, ainsi que la fièvre et la fatigue.
Le cabotégravir et la rilpivirine sont administrés lors de la même visite par un professionnel de santé, en deux injections intramusculaires dans les muscles fessiers (trois premières injections à l’hôpital, ensuite injections en ville possibles). « Il existe une flexibilité de plus ou moins sept jours pour les injections. En cas d’impossibilité de les faire, il est possible de faire le relais avec les comprimés », explique le Pr Gilles Pialoux.
Un schéma bien accepté par les patients et les soignants
L’étude Carisel a pour objectif d’évaluer l’acceptabilité et la faisabilité de l’administration de cette nouvelle bithérapie injectable. Elle a inclus 437 patients et 70 soignants de 18 structures de soins dans cinq pays européens (Espagne, France, Pays-Bas, Belgique et Allemagne).
Les premiers résultats montrent que 97 % des patients interrogés estiment qu’il est acceptable de se rendre à l’hôpital tous les deux mois pour y recevoir les injections. Les équipes de soins ont également adhéré au traitement à longue durée d’action avec 81 % d’opinion positive au cinquième mois. Ces premières données positives suggèrent que le traitement peut être mis en œuvre avec succès dans diverses structures de soins.
D’après une conférence de presse de ViiV Healthcare
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