C’est en lien avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) que la SPILF a travaillé à l’élaboration d’une liste d’antibiotiques dits critiques. « L’ANSM a souhaité nous associer à sa réflexion sur le sujet. Ensuite, les choses ont été faites en deux temps. Au niveau de la société de pathologie infectieuse de langue française [SPILF], nous avons réuni un groupe de travail et publié le 18 novembre 2012, à l’occasion de la journée européenne des antibiotiques, un communiqué de presse qui établit une liste des antibiotiques critiques. De son côté, l’ANSM a publié un rapport qui liste les antibiotiques qui pourraient être considérés comme critiques, en novembre 2013. Les deux listes sont, logiquement, très proches », explique le Pr France Roblot, vice-présidente de la SPILF et chef du service des maladies infectieuses du CHU de Poitiers.
Ces antibiotiques critiques désignent plusieurs types de médicaments. « Il y a les produits dont il convient de limiter l’usage, ceux dont il faut encadrer l’usage, en les réservant à des utilisations très précises, et ceux, au contraire, dont il faudrait encourager l’utilisation pour épargner d’autres familles d’antibiotiques », explique le Pr Roblot (lire encadré).
Atteindre les prescripteurs
L’enjeu, désormais, est de diffuser le plus largement possible ces listes d’antibiotiques critiques en direction des prescripteurs, en ville et à l’hôpital. « Nous sommes conscients de la nécessité de donner des informations concrètes, notamment aux généralistes. Car c’est bien joli de leur demander d’épargner les céphalosporines de troisième génération, les fluoroquinolones ou l’association amoxicilline-acide clavulanique. Mais il faut être en mesure de leur proposer des alternatives bien identifiées. Une réflexion collective, impliquant des microbiologistes, des médecins généralistes et des infectiologues, est en cours, sous l’égide de la Direction générale de la santé [DGS], pour la mise en place d’antibiogrammes ciblés. Quand on donne un résultat au médecin, par exemple pour une infection urinaire, cela ne sert à rien de lui fournir la sensibilité de la bactérie à tous les antibiotiques existants. Il faudrait pouvoir cibler sur les antibiotiques à utiliser préférentiellement », indique le Pr Roblot.
D’après un entretien avec le Pr France Roblot, vice-présidente de la SPILF et chef du service des maladies infectieuses du CHU de Poitiers.
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Il faut être en mesure de proposer aux généralistes des alternatives bien identifiées
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