Au lendemain des critiques essuyées par le chef de l'État en ouverture de la conférence scientifique de l'IAS (International AIDS society), les responsables des associations ont été reçus à l'Élysée par Emmanuel Macron. S'ils se sont déclarés « rassurés » de leur entretien, ils attendent aussi que les actes suivent.
Le président de l'association AIDES, Aurélien Beaucamp, a précisé à la presse que le président de la République devrait faire « des annonces dans les jours à venir sur les populations les plus fragilisées vis-à-vis du VIH, notamment les populations migrantes ». Les associations ont vertement reproché à l'Élysée plusieurs coupes budgétaires, à commencer par la réduction de près de 158 millions d’euros de l'aide au développement et une coupe de 331 millions dans le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Donald Trump interpellé
Le président français n'est pas le seul à mégoter sur le financement des programmes internationaux. L'IAS elle-même est montée aux créneaux, menée par sa présidente, le Pr Linda-Gail Beker, à la suite d'un rapport produit par l'ONUSIDA et la Kaiser Family Foundation.
Selon ce document, les financements des programmes de lutte contre le sida par les gouvernements ont baissé en 2016, pour la deuxième année consécutive, de 7 %. L'investissement international est à son niveau le plus bas depuis 2010 : 7 milliards de dollars. Les donations de 11 des 14 principaux donateurs du fonds mondial ont diminué en 2016, et celles des 3 autres se sont seulement maintenues. Les investissements en recherche ont pour leur part diminué de 3 %, et le panel d'experts réunis à Paris par l'IAS demande la fin de l'hémorragie.
800 millions d'économies prévues sur 2 ans
Le président américain Donald Trump est particulièrement visé, depuis que la Maison Blanche a proposé, pour l'année fiscale 2017, de réduire de 242 millions de dollars la participation américaine au PEPFAR (President's Emergency Plan for AIDS Relief). L'administration Trump envisage un total de 800 millions en 2017 et 2018. Si ces budgets sont votés, cela se matérialiserait, selon la Kaizer Family Foudation, par 1 million de traitements en moins et 150 000 décès supplémentaires liés aux infections par le VIH.
« Une telle tendance obligerait les pays du sud à assurer eux-mêmes le financement de la lutte contre le sida, affirme un des experts du panel, Solange Baptiste, directrice exécutive de l'ITPC (International Treatment Preparedness Coalition). C'est inquiétant car ces gouvernements ont peu d'argent et n'ont en général pas une bonne vision de comment le dépenser : ils basent leurs calculs sur les besoins de leur population et négligent les migrants, ils ne prennent pas en compte le besoin de formation des populations et des communautés ».
Solange Baptiste pointe aussi un problème politique : « si nous sommes honnêtes avec nous-même, nous savons que les gouvernements des pays touchés par l'épidémie ne viendront pas en aide aux populations le plus vulnérables qu'ils ont tendance à criminaliser ».
Le président de la fondation Elizabeth Glaser, fondation en faveur des enfants infectés par le VIH, Charles Lyon, se veut toutefois plus rassurant en ce qui concerne les intentions des sénateurs et représentants américains. « Beaucoup des annonces de coupures budgétaires de l'année dernière n'ont finalement pas eu lieu. Lors de la première présentation du budget, le congrès n'a pas voté la proposition de la Maison Blanche, et a décidé un maintien des financements à leur niveau de 2016. Les négociations sont encore en cours mais c'est un signe encourageant. »
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