Néphropathies à IgA, la révolution en marche

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Publié le 26/06/2025
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Alors que les possibilités thérapeutiques dans la néphropathie à IgA sont restées pendant longtemps limitées, de nouvelles approches, fondées sur des thérapies spécifiques des mécanismes immunologiques en cause, pourraient venir élargir l’arsenal thérapeutique.

Le sibeprenlimab est un anticorps monoclonal IgG2 neutralisant le ligand April

Le sibeprenlimab est un anticorps monoclonal IgG2 neutralisant le ligand April
Crédit photo : DR

Avec une incidence de 2,5/100 000, la néphropathie à IgA, ou maladie de Berger, est la glomérulopathie la plus fréquente dans le monde. Elle se caractérise par des dépôts d'IgA au niveau mésangial et se traduit cliniquement par une hématurie et une évolution vers une insuffisance rénale terminale dans la moitié des cas.

Depuis plusieurs années, différentes pistes novatrices sont explorées avec de nombreux essais cliniques évaluant des molécules ciblant les mécanismes physiopathologiques immunologiques.

L’an dernier, deux études menées avec respectivement l'iptacopan et l'atrasentan avaient donné des résultats prometteurs sur la réduction de la protéinurie.

La voie des anti-ligand April

La présentation au cours de cette édition du congrès de l’ERA des résultats d’une analyse intermédiaire préspécifiée de l’étude de phase 3 Visionary va dans le même sens. Cet essai évalue, versus placebo, le sibeprenlimab, un anticorps monoclonal IgG2 humanisé qui agit en se liant et en neutralisant le ligand April (A-proliferation-inducing ligand), responsable de la production d’IgA1 pathogènes déficientes en galactose. Quelque 540 patients (dont une majorité d’hommes, âgés en moyenne de 42 ans) ont été inclus dans 240 sites de 31 pays.

L’analyse intermédiaire met en évidence une baisse marquée de la protéinurie, qui apparaît rapidement dès les premières semaines de traitement pour atteindre en moyenne 52 % après neuf mois de traitement. Le profil de sécurité de cette nouvelle molécule est bon, avec un taux d’effets secondaires imputables au traitement de 32,9 % dans le bras actif versus 31 % dans le bras placebo ; les taux d’effets secondaires sévères sont respectivement de 1,3 et 4,8 %.

Des données très prometteuses donc. L’essai se poursuit, ses résultats finaux au terme de deux ans de suivi sont attendus en 2026.

D’autres résultats positifs portent sur un autre anti-ligand April, le zigakibart, évalué dans un essai de phase 1/2 ayant inclus 40 patients avec une néphropathie à IgA et protéinurie persistante. Après cent semaines de traitement, la protéinurie a diminué de 60 % en moyenne, plus de la moitié des patients atteignant des taux < 500 mg/24 heures, un indicateur clé d'une rémission plus profonde. Un essai de phase 3, Beyond, est en cours.

D’après les communications des Prs Vlado Perkovic, Australie et Jonathan Barratt, Royaume-Uni


Source : Le Quotidien du Médecin