« L’IMC DONNE une mesure indirecte de l’adiposité et cet indice est fortement corrélé à la masse totale du tissu graisseux du corps. L’adiposité peut influencer des structures et des fonctions cérébrales qui, elles-mêmes, sont parties prenantes du processus des démences. » Cela fait plus d’une dizaine d’années que des chercheurs s’intéressent aux relations éventuelles pouvant unir adiposité et démences. Des résultats contradictoires ont été publiés. Comme la prévalence actuelle du surpoids et de l’obésité dépasse 50 % des adultes dans les pays industrialisés, une équipe suédoise du Karolinska Institute à Stokholm (Weili Xu et coll.), ont voulu documenter le sujet en entreprenant une étude de population fondée sur un registre des jumeaux tenu dans ce pays depuis de nombreuses années, le « Swedish Twin Registry ».
Les études de jumeaux portant sur une longue durée de vie aident à identifier des influences génétiques ou environnementales sur le développement de maladies chroniques, les jumeaux fournissant une paire d’individus naturellement facile à comparer.
Les auteurs ont examiné l’association entre un surpoids/obésité pendant la vie adulte et la survenue plus tard d’une maladie d’Alzheimer (MA) ou d’une démence vasculaire (DV) ; ils ont aussi regardé les facteurs génétiques et environnementaux contribuant à cette association.
Les critères du DSM IV.
Ainsi, ont été évalué 8 534 jumeaux âgés de plus de 65 ans selon les critères du DSM IV pour diagnostiquer une démence. Les données sur le poids et la taille avaient été consignées trente ans auparavant (âge de 43,4 ans pour la moyenne de l’étude) dans le registre, ce qui a permis de calculer l’IMC.
Une démence a été diagnostiquée chez 350 sujets et 114 autres avaient une démence possible.
Les participants ont été groupés selon leur IMC : en sous-poids, en surpoids (IMC entre 25 et 30) et en état d’obésité (IMC dépassant 30). Dans l’étude, 2 541 jumeaux, soit près de 30 % de l’effectif, étaient soit en surpoids soit obèses à l’âge adulte moyen.
L’étude montre que les personnes qui étaient dans cette situation de surcharge pondérale (entre le surpoids et l’obésité) à 40-50 ans ont un risque quasiment 80 % plus élevé que les autres de développer une démence type MA ou DV lors du vieillissement. En première instance, l’association apparaît indépendante, elle n’est pas modifiée quand on prend en compte les facteurs éventuellement confondants, sociaux ou pathologiques : le niveau d’éducation, le diabète ou une maladie vasculaire. Toutefois, l’analyse en croisant les co-jumeaux suggère que les facteurs familiaux (facteurs génétiques et environnementaux précoces) contribuent pour une part à l’association unissant une adiposité élevée à l’âge moyen et un risque subséquent de démence.
Ainsi, un total de 26 % des sujets dénués de démence avaient été en surpoids à l’âge moyen, contre 39 % de ceux présentant une démence et 36 % de ceux potentiellement déments. Et 3 % des sujets dénués de démence avaient été obèses, contre 7 % de ceux ayant une démence et 5 % de ceux ayant une démence possible.
« Bien que l’effet du surpoids ne soit pas aussi important que celui de l’obésité sur le risque de développement d’une démence, il a un impact sur la santé publique et la pratique clinique, dû au fait qu’il y a 1,6 milliards d’adultes en surpoids dans le monde », soulignent les investigateurs.
Les auteurs présentent quelques mécanismes biologiques expliquant éventuellement cette association.
D’abord, un IMC élevé est associé à un diabète et à une maladie vasculaire, tous deux liés au risque de démence, même si ce n’est pas significatif dans cette étude (les paires de jumeaux discordantes pour la démence sont peu nombreuses et l’analyse a pu être incomplète). Ensuite, une adiposité élevée peut refléter une exposition pendant toute la durée de la vie à un état métabolique et inflammatoire. L’adiposité est l’un des composants du syndrome métabolique qui a été relié à un déclin cognitif.
Des études ont rapporté que des déséquilibres alimentaires précoces, tout comme un statut socio-économique défavorisé, étaient associés à une obésité plus tard et à un risque accru de démence encore plus tard.
Neurology, 3 mai 2011.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024