Vendredi 1er février, sollicité par des élus ultramarins lors d'un grand débat à l'Elysée sur la dangerosité du chlordécone, le président Macron avait estimé que l'insecticide, utilisé jusqu'en 1993 dans les Antilles, n'était pas cancérigène. Une déclaration qui avait donné lieu à un échange tendu (« le Monde » du 4 février) avec des édiles de Guadeloupe et de Martinique.
Les propos polémiques d'Emmanuel Macron ont fait bondir le directeur de recherche à l'INSERM, Luc Multigner, et le chef de service d'urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, Pascal Blanchet. « Le Centre international de la recherche sur le cancer, une agence de l'OMS, a établi en 1979 “qu'il existe des preuves suffisantes pour considérer que le chlordécone est cancérogène chez la souris et le rat” et qu’en absence de données chez l'homme, il était “raisonnable, à des fins pratiques, de considérer le chlordécone comme s'il présentait un risque cancérogène pour l'homme” », ont-ils réagi dimanche dans une lettre adressée aux médias. Et d'ajouter qu'en 1987, cette même agence « a classé le chlordécone dans la catégorie cancérogène 2B (peut-être cancérogène pour l'homme) ».
Emmanuel Macron n'est pas un scientifique
Les Prs Luc Multigner et Pascal Blanchet rappellent qu'ils ont publié en 2010 « des travaux de recherche menées auprès des populations antillaises et qui montraient que l'exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate ». « Force est de constater qu'à ce jour elles n'ont pas été contredites », ont-ils asséné. Selon les dernières études de Santé publique France, « le taux d'incidence de cancer de la prostate en Martinique et Guadeloupe se situe parmi les plus élevés au monde », rappellent-ils tous deux.
« Emmanuel Macron n'est pas un scientifique mais un responsable politique. Ce n'est donc pas à lui de dire si le chlordécone est cancérigène ou pas, ni à quelle dose ni dans quel cas d'exposition, a répondu l'Elysée, suite à la polémique, qui assure que le président de la République considère toujours, comme il l'avait dit en septembre aux Antilles, que “l'Etat doit prendre sa part de responsabilité”, ce qui est fait avec transparence et rigueur. Il n'y a aucun déni des effets de cette pollution. »
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