À l’heure où la loi de modernisation du système de santé est en train d’être votée avec une mesure visant à prévoir une information nutritionnelle complémentaire « sur la face avant des emballages » (article 5), le code à 5 couleurs proposé par le Pr Serge Hercberg confirme son avantage à l’approche du choix définitif de la forme que prendra l’étiquetage alimentaire.
L’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle, l’EREN (INSERM/INRA/CNAM/Paris 13), publie dans « l’American Journal of Preventive Medicine » les bons résultats obtenus par ce logo coloriel dans une étude randomisée chez 11 981 participants de la cohorte NutriNet-Santé.
Des points positifs et des points négatifs
Par rapport à trois autres logos validés et à l’absence de logo, ce code graduel à 5 couleurs, dit logo 5-C, permet d’obtenir la meilleure qualité nutritionnelle pour le panier hebdomadaire d’un foyer, qui a fait ses courses dans un supermarché virtuel. Deuxième point fort, l’impact du logo était similaire quels que soit l’âge, le niveau d’éducation, les revenus ou le niveau de connaissance en nutrition des consommateurs.
Le logo 5-C classe la qualité des aliments selon un code graduel à 5 couleurs allant de A à E, A vert correspondant à la meilleure qualité et E rouge à la plus faible. Pour chaque aliment, le calcul se fait à l’aide du score FSA (Food Standard Agency) utilisé en Grande-Bretagne. Ce score repose sur l’attribution de points négatifs (énergie, sucres simples, acides gras saturés, sodium) allant de 0 à 40 et de points positifs allant de 0 à 15, ce qui donne un score final pouvant aller de -15 (meilleure qualité nutritionnelle), à +40 (moins bonne qualité nutritionnelle).
Un panier de 269 produits
L’étude réalisée par Internet a comparé les paniers de participants randomisés dans 5 groupes de supermarché virtuel proposant les mêmes 269 produits (marques nationales ou distributeurs) : sans logo, avec le logo déjà utilisé des Repères Nutritionnels Journaliers (RNJ), avec le logo « Traffic Lights Multiples » utilisé au Royaume-Uni pour réguler la publicité destinée aux enfants, avec le logo unique de coche verte similaire à celle utilisée dans les pays scandinaves ou le logo 5-C. Hormis les RNJ, tous les logos ont amélioré la qualité du panier.
Saisis par la Direction Générale de la Santé (DGS), l’ANSES, l’agence de sécurité des aliments, et le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) ont émis en 2015 des avis favorables au code à 5 couleurs. Il n’en va pas de même de la part des industriels de l’agroalimentaire. L’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires) et la Fédération des Entreprises du Commerce et de la Distribution (FCD) ont exprimé une très vive opposition.
Le distributeur Carrefour a proposé son propre code couleurs, retoqué car de calcul trop opaque et actuellement en révision. Alors que le choix définitif du logo nutritionnel sera précisé prochainement par un décret d’application et un arrêté spécifique une fois le vote de la loi entériné, le logo 5-C est en bonne position. La bataille n’est pas gagnée pour autant. Le cadre légal européen actuel laisse l’affichage alimentaire à la bonne volonté des industriels, qui ne peuvent être contraints à le faire. L’Europe a prévu d’ouvrir ce débat houleux à la discussion en 2017.
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