L'Union européenne (UE) n'est toujours pas parvenue à un accord sur la prorogation de l'autorisation du glyphosate, l'herbicide le plus vendu au monde et dont l'effet controversé sur la santé divise les États membres.
La Commission européenne avait déjà dû retirer sa proposition de réapprobation de la substance glyphosate pour 15 ans en mars dernier pour la faire passer à neuf ans. Mais ce recul n'a pas suffi à rallier une majorité de ses représentants. Or, l'homologation du glyphosate expire au 30 juin, et, en l'absence de décision, « les États membres devront retirer les autorisations de tous les produits à base de glyphosate », a prévenu la Commission.
Italie et France, les plus réticents
Parmi les pays les plus réticents, l'Italie et la France ont insisté sur le fait qu'on ne pouvait pas décider d'une autorisation en l'absence d'une étude claire de l'Agence européenne sur les produits chimiques (ECHA), attendue dans l'année. Avec eux, d’autres pays, comme l’Allemagne, la Suède, l’Autriche, le Portugal ont fait savoir qu’ils s’abstiendraient ou qu’ils voteraient contre en cas de vote, ne permettant pas de dégager une majorité suffisante pour que la proposition de la Commission puisse être adoptée.
Marisol Touraine avait réaffirmé mercredi 18 mai l'opposition de la France à l'utilisation de ce pesticide. La ministre de l'Environnement Ségolène Royal a qualifié, quant à elle, de « très bonne nouvelle » la suspension du vote européen. « J’ai déjà interdit la vente du Round up (principal pesticide à base de glyphosate) en libre-service pour les jardiniers amateurs et son utilisation dans les espaces publics par les collectivités dans la loi de transition énergétique. Et les territoires " Terre saine, zéro pesticide " sont encouragés financièrement par le ministère de l'Environnement », a-t-elle rappelé.
« Pour moi, le fondement de la prise de décision est et demeure le jugement des scientifiques », a estimé pour sa part le ministre allemand de l'Agriculture, Christian Schmidt.
Des études scientifiques divergentes
Le glyphosate a fait l'objet de plusieurs études scientifiques dont les conclusions divergentes alimentent la controverse. Dernière en date, une étude commune de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a jugé « peu probable » que le glyphosate soit cancérogène chez les humains via l'alimentation. En mars 2015, une étude du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), également dépendante de l'OMS, avait identifié un risque cancérogène « probable ».
Ces deux séries d'études ne seraient cependant pas contradictoires, selon l'OMS, car la seconde portait sur un risque en cas de très forte exposition. La Commission s'appuie, de fait, sur l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), pour qui le risque cancérogène est « improbable ». Mais là encore, la discussion subsiste entre substance active et association à d'autre coformulants utilisés dans la composition des herbicides.
Une mobilisation renforcée des associations
Les défenseurs de l'environnement font depuis des semaines une intense campagne contre la reconduction de l'homologation. Le principal syndicat agricole européen, Copa-Cogeca, a regretté de son côté l'absence de vote jeudi. Son secrétaire général, Pekka Pesonen, a dit craindre le « désavantage compétitif » vis-à-vis des pays non membres de l'UE qui utilisent le glyphosate, en cas d'interdiction de cet herbicide.
En tout état de cause, plusieurs milliers de personnes sont attendues samedi 21 mai dans les rues de Paris et d'autres villes en France et dans le monde pour une marche contre le géant américain de l'industrie phytosanitaire Monsanto, et plus généralement contre les pesticides et les OGM. Cette mobilisation est organisée en France par le collectif citoyen Les Engraineurs, et au niveau mondial par la plateforme March against Monsanto. Ces manifestations visent à « faire pression pour une agriculture écologique et une alimentation transparente ».
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