Le comité d'évaluation de risques de l'agence européenne des produits chimiques (ECHA) a rendu mercredi ses conclusions concernant la classification du glyphosate, principe actif du Roundup commercialisé par Monsanto, et leur position fait grincer bien des dents ! Le comité a conclu qu'il fallait maintenir la classification actuelle du glyphosate en tant que produit non cancérigène, non mutagène et non reprotoxique.
Ces conclusions, formulées sur une demande faite par l'Allemagne, sont en contradiction avec celles du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui avait classé le glyphosate, comme cancérogènes « probables », en même temps que quatre autres pesticides : le malathion, le diazinon, le tétrachlorvinphos et le parathion.
Selon Tim Bowmer, qui dirige le comité de l’évaluation des risques de l’ECHA, cette conclusion est basée sur l'absence de preuves chez l’homme, et sur les études menées chez l’animal. « Le glyphosate est déjà inscrit sur l’annexe 6 de classification, qui implique un emballage précisant son caractère toxique pour l'environnement aquatique et nocif pour les yeux, précise-t-il. La décision a fait l’objet d’un large consensus, précise Tim Browner, aucune opinion minoritaire ne s’est exprimée. »
Selon Ari Karjalainen, membre du comité d’évaluation des risques, « des études chez le rat montrent en effet un risque carcinogène, mais les résultats ne sont pas cohérents d’une étude à l’autre, d’une espèce à l’autre ou même d’un sexe à l’autre », détaille-t-il.
L’évaluation du CIRC se basait aussi sur des études épidémiologiques montrant une prévalence plus importante de cancers chez les agriculteurs utilisant du glyphosate dans leurs exploitations. Un argument repoussé par Ari Karjalainen : « Les membres de notre commission ayant une expertise en épidémiologie ont estimé que le niveau de preuve apporté par ces études était assez faible. » Plusieurs études épidémiologiques prises en compte par le CIRC ont en outre été écartées par l'ECHA qui lui reproche des « défauts méthodologiques », poursuit Tim Bowmer.
Le Roundup parti pour un nouveau round ?
Cet avis de l'ECHA est crucial, alors que la Commission européenne doit se prononcer, au cours de la deuxième moitié de 2017, sur la prolongation de l'autorisation de commercialisation du glyphosate en Europe. La commission devait rendre un avis en juin 2016, mais a proposé une prolongation temporaire de 12 à 18 mois dans l'attente de nouvelles données scientifiques et de l'avis de l'ECHA.
Dans ce contexte, le renouvellement de l'autorisation de commercialisation du Roundup paraît plus que jamais probable. La ministre de l'Environnement Ségolène Royale indique qu'elle « condamne la décision de l’ECHA de ne pas classer cancérogène probable le glyphosate » et appelle les ministres européens de l’Environnement « à s’opposer à un renouvellement de l’autorisation dans la durée du glyphosate au niveau européen ».
La directrice de l'alliance pour la santé et l'environnement (HEAL), Génon Jensen, considère cette décision de l'ECHA comme un « un retour en arrière dans le domaine de la prévention du cancer. Nous ne sommes toutefois pas complètement surpris, compte tenu de l'avis déjà formulé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ».
Les associations pointent du doigt le « manque de transparence », des processus de la classification des agences européennes. ECHA reconnaît en effet s'être également appuyé sur des données non publiées, fournies par les industriels. Une lettre adressée par HEAL à l'ECHA questionne aussi les conflits d'intérêts de plusieurs membres de la commission.
« Nous prenons la question des conflits d’intérêts très au sérieux, se défend le directeur de la gestion des risques de l'ECHA, Jack de Bruijn, nous regardons de très près les risques de conflit d’intérêts des membres de la commission. »
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