Pour lutter contre l’obésité, le projet de loi de modernisation du système de santé prévoit de faciliter l’information du consommateur sur la qualité nutritionnelle des aliments, en complétant la déclaration nutritionnelle obligatoire par une « information nutritionnelle volontaire, synthétique et simple, accessible pour tous » et placée sur la face avant des emballages alimentaires.
L’étiquetage à 5 classes de couleurs (5-C)
Fondé sur un score de qualité nutritionnelle globale (valeur énergétique, matières grasses, acides gras saturés, glucides, protides, sel), l’étiquetage 5C doit permettre aux consommateurs d’évaluer la qualité nutritionnelle d’un produit sur une échelle de couleur (de la meilleure à la plus mauvaise : vert, jaune, orange, fuschia ou rouge). La Direction générale de la santé (DGS), avait saisi en début d’année le HCSP pour évaluer une douzaine de systèmes d’étiquetages. Le rapport du HCSP conclut que « seul le système 5-C répond aux critères de pertinence et de faisabilité d’un système d’information nutritionnel synthétique ».
Ce modèle est promu par des sociétés savantes, associations de professionnels de la santé et de la nutrition, de consommateurs et de patients (pétition citoyenne de mai 2014 pour cet étiquetage plus simple, plus intuitif et plus compréhensible que l’affichage actuel).
Les opposants au système 5-C
La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) et des lobbies de l’industrie agroalimentaire s’opposent au système 5-C. Pour le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS), les divers systèmes n’ont pas été assez évalués en conditions réelles. Christian Babusiaux son président, explique que le Fonds « est prêt à piloter cette recherche interventionnelle ». Le FFAS voudrait étudier l’impact de ces logos de couleurs dans l’univers publicitaire coloré des magasins : inflexion des achats, impact selon la catégorie socio-culturelle ou l’âge, impact global sur l’alimentation (de produits n’étant pas soumis aux logos). Le système 5C se fonde sur la composition, d’autres systèmes tiennent compte de la fréquence de consommation. « Certains pensent qu’il faudrait combiner des éléments des deux systèmes », indique M. Babusiaux.
Une mesure d’intérêt général
La FFAS financée par les industriels de l’agro-alimentaire, cherche-t-elle à repousser aux calendes grecques la mise en place d’une mesure d’intérêt général ? C’est l’avis du Pr Hercberg : « On a des bases scientifiques extrêmement solides, avec des travaux convergents qui suggèrent un impact sur les intentions d’achat. Le HCSP les a passés en revue (avis du 24/8/2015), indiquant même que le score qui sert de base au 5C est prédictif du surpoids, du syndrome métabolique et du risque de cancer. Dans Nutrinet, nous avons montré que ce système est le plus performant, y compris chez les individus à risque d’avoir une alimentation de moins bonne qualité nutritionnelle (âgés, à bas revenus, de faible niveau d’éducation, en surpoids). On n’est certes pas en population générale, mais c’est le cas de toutes les grandes études épidémiologiques. » Décret et arrêté de la DGS sont attendus.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024