POUR MIEUX comprendre le lien entre l’excès de consommation de sel et la survenue de l’hypertension artérielle, mais aussi d’autres pathologies (maladies cardio- et neurovasculaires, cancers, ostéoporose, pathologies rénales, l’obésité ou l’asthme, l’étude NutriNet-Santé s’est fixée comme objectif de recruter 500 000 internautes de plus de 18 ans en cinq ans, acceptant de répondre, chaque année, à des questionnaires en ligne sur leur alimentation, leur activité physique, leur poids et taille, leur état de santé et divers déterminants des comportements alimentaires.
Dix-huit mois après son lancement, les premiers résultats – fondés sur l’analyse de 140 000 enquêtes – permettent d’estimer les apports en sel (chlorure de sodium) dans l’alimentation des Français.
Premier constat positif : la réduction des apports en sel depuis une dizaine d’années. Les hommes en consomment 9,2 g par jour et les femmes 7,6. Il y a une dizaine d’années, les Français consommaient en moyenne entre 9 et 10 g de sel par jour contre 8,4 aujourd’hui. « C’est un élément favorable en terme de santé publique. Toutefois, ces apports restent encore trop élevés par rapport aux recommandations internationales et européennes », affirme le Pr Serge Hercberg.
De fait, en 2003, l’OMS et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ont publié un rapport conjoint demandant que des mesures soient prises pour limiter l’apport en sel de la population à 5 g par jour (la quantité minimale de sel dont l’homme a besoin étant de 2 g par jour). En France, les objectifs seront progressifs. Le Haut Conseil en Santé Publique (HCSP) recommande une diminution permettant d’atteindre, en 5 ans, 8 g par jour pour les hommes et 6,5 g pour les femmes. « De multiples estimations scientifiques indiquent un bénéfice potentiel important de la réduction de la teneur en sel sur le plan de la morbidité cardiovasculaire. Et cela, même avec une réduction faible de la consommation moyenne de sel dans la population. Aux États-Unis, par exemple, des études montrent qu’une diminution de 1 à 3 g par jour et par personne ont un impact significatif sur la morbidité et la mortalité de la population », souligne le Pr Hercberg.
D’après l’étude NutriNet-Santé, seulement 1 % des hommes et 5 % des femmes ont un apport en sel inférieur ou égal à 5 g par jour (recommandations de l’OMS), 5 % des hommes et 18 % des femmes ont un apport inférieur à 6 g par jour (recommandations dans de nombreux pays européens). Et 12 % des hommes et 2 % des femmes ont des apports en sel deux fois plus importants que les recommandations de l’OMS (12 g par jour).
Les obèses.
Si les hommes sont de plus grands consommateurs de sel que les femmes, il existe de faibles variations en fonction de l’âge, avec les niveaux les plus élevés d’apport en sel chez les 35-55 ans et des niveaux plus faibles chez les 18-25 ans et les plus de 65 ans. Les apports sont aussi globalement comparables dans les différentes catégories socioprofessionnelles, à l’exception des agriculteurs des deux sexes, chez qui ils sont un peu plus élevés. Le revenu des foyers ne semble pas non plus expliquer le niveau d’apport de sel des Français. Et les variations régionales sont minimes.
En revanche, les apports en sel sont plus élevés chez les personnes en surpoids (9,3 g pour les hommes, 7,9 g pour les femmes) et particulièrement chez les obèses (10,1 g pour les hommes, 8,4 g pour les femmes). Et plus faibles chez les personnes maigres (8,6 g pour les hommes, 7,4 g pour les femmes).
Enfin, les trois-quarts du sel consommé proviennent directement des aliments. Un quart seulement est ajouté par le consommateur lors de la cuisson des aliments ou dans son assiette, lors des repas. Les groupes d’aliments qui contribuent le plus à l’apport en sodium dans l’alimentation sont le pain et les biscottes (24,1 %), la charcuterie (12,5 %), les fromages (8,1 %), les légumes (6,8 %) et les aliments-snacks et de restauration rapide (5,9 %). « Avec un nombre suffisant de volontaires et un suivi sur plusieurs années, l’étude NutriNet-Santé permettra d’étudier les effets des différents niveaux d’apports en sel sur de multiples pathologies. Mais pour atteindre ces objectifs, nous avons besoin de 340 000 volontaires supplémentaires dans les 3 années à venir répondant à nos questionnaires en ligne », conclut le Pr Hercberg. Et de préférence des hommes, les femmes constituant actuellement les trois-quarts de l’effectif.
* Pour participer : www.etude-nutrinet-sante.fr
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