De notre correspondant
ALORS QUE la recherche s’est beaucoup intéressée à la voie de signalisation centrale des endocannabinoïdes, le rôle de ces lipides endogènes, à l’étage périphérique, dans la prise alimentaire commence à émerger. Une équipe italo-américaine met ainsi en évidence l’importance du système endocannabinoïde intestinal dans le mécanisme de feedback qui accompagne la consommation de graisses. Ce qui pourrait en faire une cible potentielle dans le traitement de l’obésité.
Les auteurs se sont demandés si la préférence pour les aliments gras ne pourrait pas être « entretenue » par un mécanisme de feedback positif ayant son origine dans la cavité buccale. Des travaux récents ont en effet suggéré l’intervention des récepteurs cannabinoïdes CB1 de la langue dans le goût des aliments. Afin de pouvoir distinguer la contribution des signaux oro-sensoriels de celle d’influences intervenant après l’ingestion des aliments, les chercheurs ont utilisé un modèle expérimental de repas fictifs (sham feeding) chez le rat.
Les auteurs observent d’abord que les repas fictifs à base de graisses augmentent, de manière spécifique, les concentrations jéjunales de deux endocannabinoïdes, le 2-AG (2-arachidonoyl-glycérol) et l’anandamide, alors que ce n’est pas le cas avec d’autres types d’alimentations (glucidiques ou protéiques). En outre, la perfusion simultanée, dans le duodénum des rats, d’une solution contenant un antagoniste du récepteur cannabinoïde CB1 (le rimonabant) réduit la prise d’une alimentation grasse fictive de manière dose-dépendante. Cet effet est spécifique car l’antagoniste du récepteur CB1 n’exerce pas le même pouvoir sur une alimentation standard. Une expérience avec un autre antagoniste (URB447) à faible activité agoniste des récepteurs CB2 exclut la possibilité que l’effet inhibiteur de la consommation de graisses soit lié à une action agoniste sur cette seconde catégorie de récepteurs.
Ces travaux incitent donc à penser que le système endocannabinoïde intestinal exerce une action régulatrice importante sur la consommation des aliments gras par un mécanisme impliquant les récepteurs cannabinoïdes CB1. Ils vont dans le sens de l’observation d’une augmentation des concentrations du 2-AG et de l’anandamide dans les situations de privation alimentaire, et de leur chute lors de la réalimentation, évoquant leur rôle dans les apports caloriques. En mettant en évidence la contribution possible des teneurs intestinales élevées en ces endocannabinoïdes, au travers de signaux oro-sensoriels, à l’induction de la consommation en graisses, la découverte de l’équipe de Daniele Piomelli ouvre une piste dans le traitement de l’obésité.
NV DiPatrizio, D Piomelli et coll. Endocannabinoid signal in the gut controls dietary fat intake. Proc Ntl Acad Sci USA (2011) Publié en ligne.
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