La dernière enquête « Comportements et consommations alimentaires en France » (CCAF) du Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) a été réalisée d'octobre 2015 à juillet 2016 en face à face par questionnaire auprès de 2 000 ménages représentatifs de la population française, selon la méthode des quotas (par sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région, taille d'agglomération, taille du ménage).
« L'enquête CCAF comporte deux volets : une étude des comportements alimentaires des Français (questionnaire en face-à-face), et une analyse de la consommation alimentaire à partir d'une estimation de l'ensemble des consommations des individus du ménage de plus de 3 ans (1 700 adultes et 1 300 enfants), effectuée via des carnets de consommation sur sept jours », explique Aurée Salmon-Legagneur, chef de projet au Credoc. Depuis 2003, cet organisme évalue ainsi l'évolution de l'alimentation des Français et estime la diversité alimentaire de la population selon deux types d'indicateurs : une analyse fondée sur la consommation des cinq groupes principaux d'aliments (produits laitiers ; viandes, poissons et œufs ; matières grasses ; céréales ; fruits et légumes) sur trois jours non consécutifs, ou une analyse plus détaillée prenant en compte un répertoire alimentaire plus large de 38 groupes d'aliments. Cette dernière montre qu'en moyenne les Français consomment 16 groupes d'aliments différents sur les 38, sur deux jours non consécutifs.
Nouveaux modèles alimentaires
Les Français ont une diversité alimentaire plus élevée que celle des Américains. Mais, qu'elle soit estimée par l'un ou l'autre des indicateurs, elle a baissé depuis 2003 chez les adultes comme chez les enfants. « Cela s'explique notamment par une diminution de la consommation générale depuis 2013, liée à la crise économique. Les Français consomment moins d'aliments, et, petit à petit, le modèle alimentaire s'adapte aux nouveaux modes de vie : des repas plus simples, pris plus rapidement et plus souvent hors domicile, nécessitant moins de temps de préparation, tandis que le temps passé devant les écrans augmente… Autant d'évolutions au détriment de la consommation de fruits et légumes, particulièrement parmi les jeunes générations », constate Aurée Salmon-Legagneur. La dernière enquête CCAF met également en lumière l'augmentation du nombre de petits consommateurs de fruits et légumes (moins de trois portions par jour) parmi la population française. « Les petits consommateurs de fruits et légumes sont plus nombreux chez les jeunes (18-34 ans), qui consomment davantage hors domicile. Depuis 2010, leur consommation de pizzas, sandwichs, pâtes et riz a augmenté au détriment des autres aliments », regrette Aurée Salmon-Legagneur.
Le poids du niveau de vie
Chez les adultes, la diversité alimentaire augmente avec l'âge. Les personnes âgées constituent la frange de la population qui consomme le plus diversifié. « Plus une personne consomme de façon variée, plus elle a de chance de couvrir ses besoins nutritionnels », indique François Mariotti, professeur de nutrition à AgroParisTech. En effet, la diversité alimentaire est, dans l'indicateur en cinq groupes, positivement corrélée à la qualité de l'alimentation, estimée via un score d'adéquation nutritionnelle, comme le détaille Aurée Salmon-Legagneur : « L'analyse effectuée sur cinq groupes d'aliments montre que les individus ayant une meilleure diversité alimentaire ont consommé, de manière globale, davantage d'aliments et d'énergie, mais en portions plus petites que ceux ayant une moins bonne diversité alimentaire. Nous avons également constaté que les adultes ayant une alimentation le plus diversifiée sont ceux qui consomment le plus de fruits et légumes et le moins de pizzas, quiches, sandwichs, pâtes, plats composés, viennoiseries et sodas. » Outre le gradient d'âge déjà évoqué, la diversité alimentaire est plus élevée chez les plus diplômés, les CSP+ et parmi les foyers dont le revenu par unité de consommation est plus élevé.
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