Population cible contre l’obésité morbide

Ne pas laisser grossir les ados obèses

Publié le 15/11/2010
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COMMENT PRÉVENIR l’installation d’une obésité sévère ? Une étude américaine suggère sans grande surprise qu’il faudrait agir tôt, avant l’âge adulte. L’adolescence est une période charnière et être obèse à cet âge est associé à un risque de développer une forme morbide plus tard. C’est ce qu’ont observé des nutritionnistes de l’université de Caroline du Nord dans la US National Longitudinal Study of Adolescent Health, une cohorte de 8 834 adolescents âgés de 12 à 21 ans, de 1996 à 2009, suivis jusqu’à l’âge de 33 ans. Les filles semblent plus à risque que les garçons en général, les adolescentes noires étant les plus exposées. Les adolescents obèses avaient 16 fois plus de risque de développer une obésité sévère que leurs congénères de poids normal ou en simple surcharge, d’après une analyse multivariée.

Prévenir très tôt dans l’enfance.

Pour exploiter les données, les chercheurs ont préalablement défini l’obésité par un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 30 et l’obésité morbide par un IMC ≥ 40. Les 79 adolescents très obèses en 1996 ont été exclus de l’analyse. À noter que parmi eux 60 le sont restés à l’âge adulte. Sur les treize ans de suivi, 703 cas d’obésité morbide ont été observés, soit une incidence totale de 7,9 %. On pouvait relever parmi eux les caractéristiques suivantes : un IMC plus élevé à l’adolescence, un âge plus avancé et l’appartenance à une minorité ethnique. Parmi les sujets obèses à l’adolescence, la survenue d’une forme morbide est de 37,1 % chez les hommes et de 51,3 % chez les femmes. L’incidence la plus élevée était constatée dans le sous-groupe des jeunes femmes noires pour un chiffre de 52,4 %. Sur les 13 ans de suivi, les sujets ayant une obésité morbide ont gagné en moyenne 14,2 points d’IMC et ceux n’en ayant jamais développé 5,1 points d’IMC. L’obésité morbide semble progresser plus vite qu’une forme modérée.

Ces données soulignent l’intérêt de prévenir l’obésité très tôt dans l’enfance et d’intervenir si besoin avant l’entrée dans l’âge adulte à l’adolescence. Trois arguments se détachent en effet de cette étude : l’obésité morbide à l’adolescence persiste chez les jeunes devenus adultes, les adolescents obèses développent davantage une obésité morbide et l’incidence de l’obésité morbide est relativement élevée à cette période de transition. Une fois installée à l’âge adulte, seule la chirurgie bariatrique donne de bons résultats à long terme dans l’obésité morbide mais au prix d’une morbidité non négligeable. L’exercice physique, les régimes alimentaires et les traitements médicamenteux sont d’efficacité limitée avec un risque de rebond.

JAMA, 2010;304(18): 2042-2047.

Dr I. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8855