Il n'est pas rare qu'une personne âgée soit à la fois atteinte d'obésité et de sarcopénie. « L'obésité sarcopénique est la coexistence de deux maladies, l'une du tissu adipeux, l'autre du tissu musculaire », rappelle le Dr Clément Lahaye, médecin interniste spécialisé en gériatrie et en nutrition au CHU de Clermont-Ferrand.
L'obésité sarcopénique, qui concerne entre 10 % à 20 % des plus de 60 ans, engendre un risque accru de perte d'autonomie, de mobilité et de maladies cardiovasculaires, une baisse de la qualité de vie et une surmortalité. Les personnes qui en sont atteintes ne doivent pas perdre de poids pour ne pas aggraver la sarcopénie.
Si l'obésité explose depuis une trentaine d'années et touche 17 % de la population française, il existe une part physiologique dans l’augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC) avec le vieillissement : l’IMC optimal est ainsi plus élevé chez le sujet âgé (entre 22 et 32) qu'au sein de la population générale (entre 18,5 et 25). Cette prise de poids s'accompagne surtout d'une augmentation de la masse grasse alors que l'avancée en âge augmente le risque de sarcopénie, c’est-à-dire d'une diminution de la force et/ou de la masse musculaire.
Une prise en charge non médicamenteuse
L'obésité s'accompagne d'excès alimentaires, mais aussi de carences. Les études montrent que les apports en nutriments des patients atteints de cette maladie chronique sont inférieurs de 5 à 10 % par rapport à la population non obèse. Les excès concernent notamment les aliments transformés, trop gras, sucrés et salés. L'insuffisance nutritionnelle, quant à elle, se concentre sur les fibres, les acides aminés (en particulier, essentiels), les vitamines A, C, D, E et B12, le calcium et le magnésium. « Ces carences sont aggravées lors des périodes de restriction d'apport (régimes) et d'hospitalisation itératives », note le Dr Lahaye.
Pour traiter la sarcopénie et l'obésité, de nombreuses pistes médicamenteuses ont été testées. Certaines sont prometteuses mais ne sont pas utilisées de façon courante. Aujourd'hui, la prise en charge de l'obésité sarcopénique repose sur l'effet synergique d'une activité physique régulière et d'une alimentation équilibrée, suffisamment riche en protéines, mais aussi en lipides et glucides ainsi que la correction d’une éventuelle carence en vitamine D.
Des conseils nutritionnels spécifiques
Il est important de manger plus de protéines lorsque l’on vieillit pour maintenir ses muscles. « Dans les protéines animales, les huit acides animés essentiels sont présents en bonne quantité pour être correctement utilisés par l’organisme », souligne Anaïs Sadoine, diététicienne à l’hôpital européen Georges Pompidou (AP-HP). Les produits laitiers, par exemple, disposent de deux types de protéines complémentaires. Le lactosérum qui se digère rapidement permet de stimuler la synthèse musculaire et la caséine, dont l'absorption est lente, permet de freiner la destruction du muscle.
Dans les protéines végétales, quand l’aliment est pris séparément, certains acides aminés ne sont pas présents en quantité suffisante pour permettre la synthèse musculaire. Pour combler ce déficit, il faut associer une céréale à une légumineuse et manger beaucoup plus en quantité alors que les patients âgés ont un appétit amoindri.
Chez les patients obèses et sarcopéniques, les glucides doivent re présenter 50 à 55 % de l'apport énergétique total et les lipides, au moins 35 %. « Plusieurs études ont montré que la correction de la carence en vitamine D permet de renforcer la masse musculaire. Les besoins nutritionnels sont de 15 μg/jour. Outre l'alimentation (poissons gras, fromages, laitages non écrémés), il faut supplémenter en vitamine D, car il est difficile d’apporter spontanément 15 μg/jour », explique Anaïs Sadoine.
Par ailleurs, en raison d'une satiété précoce, un obèse sarcopénique a souvent besoin de fractionner ses prises alimentaires « en quatre à cinq fois par jour pour couvrir ses besoins, ce qui est très différent du grignotage », indique la diététicienne. Enfin, il est possible de prescrire des compléments alimentaires oraux aux patients dénutris et obèses « lorsque l’enrichissement naturel n'est pas suffisant pour couvrir les besoins », conclut Anaïs Sadoine.
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