De notre correspondante
FACE À l’épidémie d’obésité, les généralistes sont appelés à jouer un rôle prépondérant, en proposant à leurs patients obèses des conseils comportementaux pour la perte de poids. Toutefois, il reste à identifier les meilleures approches.
Reconnaissant ce besoin, le National Heart, Lung and Blood Institute (États-Unis) a financé trois essais POWER (Practice-based Opportunities for Weight Reduction) visant à évaluer, en médecine de ville, des interventions comportementales pour la perte de poids chez des patients obèses ayant des facteurs de risque cardiovasculaire. Le critère d’évaluation principal, dans ces études, est le changement de poids à deux ans. Les résultats de deux d’entre elles viennent d’être publiés.
Avec un auxiliaire médical entraîné.
Dans l’étude de Wadden et coll. (université de Pennsylvanie, Philadelphie), conduite dans six centres de soins primaires, 390 adultes obèses ont été randomisés en trois groupes. La prise en charge habituelle (conseils de mode de vie remis au patient au cours des consultations trimestrielles) a été comparée à l’ajout d’une intervention brève de conseils (séances mensuelles de 15 minutes en face-à-face avec un auxiliaire médical entraîné ou coach), ou d’une intervention de conseil intensifiée par des aides (intervention brève de conseil, plus repas liquides substitutifs ou prise de médicaments amaigrissants - orlistat ou sibutramine).
Les résultats à deux ans (disponibles pour 86 % des patients) montrent que, si la perte de poids ne diffère pas significativement entre le groupe de conseils brefs (-2,9 kg) et le groupe de soins habituels (-1,7 kg), les participants dans le groupe de conseils intensifiés perdent plus de poids (-4,6 kg).
Ils sont aussi plus susceptibles de perdre au moins 5 % de leur poids initial après intervention (35 % dans ce groupe, contre 26 % dans le groupe de conseils brefs et 22 % dans le groupe de soins habituels). Les bénéfices du conseil intensifié persistent dans l’analyse excluant les participants ayant pris des médicaments amaigrissants. La sécurité est similaire dans les trois groupes, avec un même taux d’effets secondaires sévères.
Site internet et e-mails.
Dans l’étude d’Appel et coll. (université Johns Hopkins, Baltimore), également conduite dans six centres de soins primaires, 415 adultes obèses ont été répartis en 3 groupes : un groupe témoin recevant un programme d’amaigrissement autogéré (consultation initiale avec un coach, brochures et liste de sites internet) ; un groupe d’intervention recevant un soutien comportemental délivré à distance (au moyen d’appels téléphoniques par des coachs d’une société privée et d’un site internet propre à l’étude avec e-mails adaptés à la situation du patient) ; un autre groupe d’intervention recevant un soutien à distance et en personne (par téléphone et par réunions de groupe et entretiens individuels, avec des coachs de l’université John Hopkins ainsi que par site internet et e-mails). Pour les deux interventions, les praticiens renforçaient la participation et vérifiaient les progrès lors des visites de routine.
La perte de poids à deux ans (données disponibles pour 95 % des patients) est similaire dans les 2 groupes qui ont reçu le soutien à distance (-4,5 kg) ou en personne (-5,1 kg) et significativement supérieure à la perte de poids dans le groupe témoin (-0,8 kg).
Les participants soutenus à distance ou en personne sont deux fois plus susceptibles que les témoins de perdre au moins 5 % de leur poids initial après deux ans d’intervention (38 % groupe soutien à distance, 41 % groupe soutien en personne, contre 19 % pour le groupe témoin).
Dans un éditorial, le Dr Susan Yanovski (NIH, Bethesda, États-Unis) souligne l’intérêt de l’intervention à distance. « Une telle intervention pourrait présenter un moindre obstacle à l’adhésion, comparée aux interventions délivrées en personne, puisqu’elle permet une plus grande flexibilité de calendrier et réduit le coût et la durée du transport. En outre, un programme de coaching par téléphone offre la possibilité d’être mis en œuvre dans de multiples lieux de soins primaires, y compris dans des régions géographiquement isolées. »
Elle fournit deux autres remarques. Il reste à déterminer le coût et la rentabilité de ces traitements en médecine générale et à évaluer leur impact sur les maladies associées a l’obésité. Enfin, de nombreuses personnes obèses ne parviennent pas à obtenir ou à maintenir une perte de poids suffisante pour améliorer leur santé par le seul moyen d’un changement du mode de vie. Ces patients nécessiteront d’autres traitements adjuvants (médicaments, chirurgie bariatrique).
New England Journal of Medicine, 24 novembre 2011, Appel et coll., p. 1959.
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