Les traitements médicamenteux de l'obésité ont jusqu'à présent donné des résultats mitigés. En 1997, la fenfluramine (Ponderal) a été retirée des marchés américains et français tandis que la sibutramine (Sibutral) a subi le même sort en Europe, en 2010, suite au décès de deux patients.
Ces deux précédents ont rendu les autorités méfiantes vis-à-vis des nouveaux traitements de l'obésité. Aussi, bien que l'association de bupropion et de naltrexone (connue sous le nom de Mysimba en Europe) mise au point par Orexigen Therapeutics ait montré son efficacité dans une étude de phase 3, la FDA américaine s'est émue de l'augmentation constatée de la pression sanguine et du rythme cardiaque des patients traités. Son utilisation est indiquée chez les patients ayant un indice de masse corporel de 30 kg/m2 ou au-delà, ou entre 27 kg/m2 et 30 kg/m2 assortie d’une ou plusieurs comorbidités liées au surpoids.
En Europe aussi le Mysimba est un objet de polémique puisque le médicament a obtenu son AMM européenne en mars dernier, malgré l'opposition de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le médicament ne dispose toutefois pas, à ce jour, d'AMM en France.
Avant d'accorder une autorisation de mise sur le marché, la FDA a donc demandé à Orexigen Therapeutics la mise sur pied d'un essai clinique spécifiquement dédié à l'évaluation du risque cardiovasculaire de leur association.
La bourde d'Orexigen
Orexigen Therapeutics a cependant rendu publics les résultats intermédiaires de l'étude en les inscrivant dans une demande de brevet. La réaction des auteurs académiques de l'étude a mis fin à l'essai prématurément, arguant d'une « rupture de la confidentialité » risquant d'influencer les résultats finaux.
Les données rassemblées avant cet incident étaient-elles suffisantes pour conclure sur la sécurité cardiovasculaire du traitement ? C'est ce qu'ont voulu déterminer le Pr Steven Nissen et ses collègues du Centre de recherche cardiovasculaire de Cleveland (Ohio). Selon les résultats qu'ils viennent de publier dans le « JAMA » 8 910 patients en surpoids (indice de masse corporel moyen de 36,6) avaient été recrutés entre juin 2012 et janvier 2013.
Les participants bénéficiaient tous d'un programme de perte de poids complété par la prise d'un placebo pour la moitié d'entre eux, ou la prise de 32 mg par jour de natrexone et de 360 mg par jour de bupropion. Les auteurs précisent que 32,1 % des participants ont des antécédents cardiovasculaires, et que 85,2 % souffrent de diabète.
Un événement cardiovasculaire majeur était survenu chez 102 patients du groupe placebo et chez 90 patients du groupe naltrexone/bupropion, soit une baisse de 12 % du risque cardiovasculaire. Les effets indésirables étaient plus fréquents dans le groupe sous naltrexone/bupropion, et notamment les événements cardiovasculaires notés chez 14,2 % des patients traités contre 1,9 % dans le groupe placebo. Les symptômes touchant le système nerveux central concernaient quant à eux 5,1 % des patients sous naltrexone/bupropion contre 1,2 % des patients du groupe placebo.
Ces résultats « ne permettent pas de conclure sur la sûreté cardiovasculaire de l'association naltrexone/bupropion selon les auteurs qui estime que qu'un autre essai clinique sera nécessaire ». Peut-être que, cette fois ci, le service juridique d'Orexigen réfléchira à deux fois au moment de remplir leurs demandes de brevet.
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