La diarrhée aiguë, qui s’inscrit le plus souvent dans un contexte de gastro-entérite, se définit par la présence de plus de trois selles liquides par jour depuis moins de 3 jours. Sa prise en charge se fonde sur un traitement nutritionnel hydroélectrolytique qui vise à prévenir et traiter sa complication : la déshydratation. Le repos digestif n’est plus d’actualité et la réalimentation précoce est préconisée.
Réhydratation
Le traitement de la diarrhée repose sur le recours à un soluté de réhydratation par voie orale, donné à volonté dès l’apparition des selles liquides. Il doit être proposé de manière fractionnée, en petites quantités toutes les 15 minutes, idéalement après avoir été réfrigéré. Cela permet en effet d’accélérer la vidange gastrique et de réduire son goût salé souvent peu apprécié des petits. Le SRO doit être poursuivi tant que les selles molles persistent, en général pendant 5 jours, selon les recommandations européennes (1).
Alimentation
Chez le nourrisson de moins de 3 mois, dont l’alimentation n’est donc pas diversifiée, il est recommandé de poursuivre l’allaitement maternel sans interruption pour les enfants nourris au sein. Chez les bébés nourris avec une formule infantile, le recours à un hydrolysat poussé de protéines de lait de vache pendant 15 jours est recommandé par le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie (2). Il s’agit d’un principe de précaution qui vise à réduire le risque d’apparition d’une allergie secondaire aux protéines du lait de vache.
Chez le nourrisson âgé de 4 à 6 mois dont l’alimentation est en voie de diversification, mais encore essentiellement lactée, l’allaitement maternel est poursuivi chez les bébés nourris au sien. Pour ceux recevant une formule infantile, un lait sans lactose est préconisé pendant une durée de 10 à 15 jours. Il en est de même chez les nourrissons présentant une perte de plus de 10 % du poids corporel qui, après hospitalisation et réhydratation par voie parentérale, doivent recevoir un lait sans lactose pendant une quinzaine de jours, ou chez ceux dont la diarrhée persiste plus de 7 à 10 jours.
Chez les enfants ayant une alimentation diversifiée, la reprise d’une alimentation normale, avec le lait pris antérieurement, se fait dès la 4e à la 6e heure après le début de la diarrhée. Le rôle de divers aliments qui seraient efficaces sur la diarrhée a fait l’objet de nombreux débats. Mais, au total, s’il est bien sûr recommandé d’éviter les aliments réputés laxatifs, l’alimentation, riche en calories, doit être libre. Des études sont réalisées dans les pays en développement sur les bénéfices éventuels de l’eau de cuisson du riz, riche en protéines et ayant un rôle bénéfique sur l’intestin.
Ce qu’il faut dire aux parents
Le traitement par SRO cible la déshydratation et non pas la cause de la diarrhée : il est donc essentiel de bien prévenir les mères qu’il est normal que la diarrhée se poursuive pendant plusieurs jours.
Il existe des médicaments antidiarrhéiques ayant l’AMM en pédiatrie, qui améliorent le confort, mais qui ne doivent en aucun cas surseoir au traitement par SRO, qui reste à la base de la prise en charge.
La surveillance de l’enfant se fait non pas sur le poids, difficile à comparer d’une balance à une autre, mais sur la clinique. Les parents doivent être informés des signes devant conduire à reconsulter, bien précisés dans le carnet de santé : nombre de selles > 8/jour, vomissements persistants, fièvre pendant plus de 3 jours, refus de boire, apathie, enfant grognon, pâle, yeux cernés/creux, respiration rapide, ou enfant qui dort beaucoup et est difficile à réveiller.
Dr Isabelle HOPPENOT-
Dr Marc BELLAÏCHE, hôpital Robert-Debré, Paris
Liens d’intérêt Dr Bellaïche : Astra, GSK, Danone, Nestlé, Lactalis, Laudavie
Voir aussi :
Références
1. Guarino A et al. ESPGHAN/ESPID evidence-based guidelines for the management of acute gastroenteritis in children in Europe. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2008 ; 46 suppl. 2 : S81-122.
2. Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Traitement nutritionnel des diarrhées aiguës du nourrisson et du jeune enfant. Arch Pediatr 2002 ; 9 : 610-9.
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