Redéploiement : c’est le mot d’ordre du Haut conseil de la santé publique qui, dans son avis du 21 juin 2024, a validé la suppression de la consultation dite obligatoire avant la fin du premier mois, afin d’en créer rapidement une nouvelle, à six ans, tout en restant à nombre constant, soit 20 consultations chez l’enfant et l’adolescent.
En effet, la plupart des nourrissons ont déjà trois examens réalisés avant le premier mois — et si nécessaire, les parents n’ont pas besoin d’attendre ce cap pour consulter un professionnel de santé, que ce soit le médecin généraliste, le pédiatre, ou la sage-femme. Au contraire, à la période charnière de l’entrée en CP, la consultation faisait trop souvent défaut, faute de médecins scolaires en nombre suffisant et faute de recommandation spécifique à cet âge.
Troubles neurodéveloppementaux en ligne de mire
L’intérêt de ce nouvel examen avait été souligné lors des Assises de la pédiatrie et de la santé des enfants (mai 2024), et faisait partie d’un des points clés évoqués dans le rapport remis au ministère de la Santé par les membres du comité d’orientation. Il vise à renforcer le suivi médical pour améliorer le repérage des troubles du neurodéveloppement, avec de nouveaux outils, et assurer une prise en charge adaptée.
« L’examen sera réalisé idéalement au cours du 2e trimestre de l’année scolaire du CP, en tout état de cause il faut tenir compte de sa date, car les enfants nés en décembre seront forcément moins matures que ceux nés en début d’année », note la Dr Stéphanie Eyssette-Guerreau*, pédiatre à l’hôpital Novo à Pontoise et à la MSP La colombe à Colombes.
Outre l’examen de base — croissance, recherche de signes de puberté précoce, vision, audition, etc. — il est désormais demandé de repérer les écarts de développement, en s’aidant d’une grille pour détecter les signes d’un développement inhabituel chez les enfants de moins de sept ans (disponible sur handicap.gouv.fr). Différents points sont ainsi passés en revue : régression de compétences acquises, difficultés sévères et durables concernant le sommeil, l’alimentation, profil sensoriel et sensorimoteur particulier, comportements et intérêts inhabituels, inquiétude de professionnels de la petite enfance ou de l’école concernant des comportements ou des difficultés d’apprentissage, signes d’alerte à six ans concernant la motricité globale ou fine, le langage oral, la cognition, la socialisation.
Le repérage d’au moins trois signes d’alerte dans deux domaines différents n’a pas valeur de diagnostic, mais indique d’orienter l’enfant vers une plateforme de coordination et d’orientation (PCO) ou, en cas de délai trop important pour avoir un rendez-vous, vers des professionnels du réseau local (CMP, CMPP, autre professionnel libéral, etc.). « L’objectif est bien de rattraper un certain nombre d’enfants qui n’auraient pas été repérés plus tôt (ou qui nécessitent a minima une vigilance accrue), même s’il faut évidemment maintenir les efforts sur la consultation des enfants de cinq ans », insiste la Dr Eyssette-Guerreau.
Des outils pratiques
Lorsque c’est possible, on peut remettre un questionnaire avant la consultation aux parents pour révéler des décalages au niveau des compétences de leur enfants « Un certain nombre de points sont évalués, comme le sommeil de leur enfant (est-ce qu’il ronfle ? Est-ce qu’il est propre la nuit ?) et les activités physiques qu’il pratique, ainsi que sur le temps qu’il passe sur les écrans », indique la Dr Eyssette-Guerreau.
D’autres outils simples et pratiques ont toute leur place dans cette consultation des six ans. L’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) les met à disposition gratuitement sur son site, avec d’autres outils pour les examens en pédiatrie à différents âges.
L’Ertla-6 peut aussi être utilisé lors de ce bilan médical de l’enfant de six ans : il s’agit d’un test généralisé comportant un ensemble d’outils et d’épreuves de repérage des troubles du langage et des apprentissages, mais qui nécessite une consultation longue de bilan et, surtout, un apprentissage préalable (proposé notamment par l’Afpa).
« Enfin, il ne faut pas oublier les basiques et vérifier que l’enfant est bien à jour de ses vaccins ! », rappelle la pédiatre.
D’après un entretien avec la Dr Stéphanie Eyssette-Guerreau (pédiatre, hôpital Novo à Pontoise et MSP La colombe à Colombes
* La Dr Eyssette-Guerreau a également reçu cette année le prix Clément Marot du groupement des médecins écrivains, pour « La fille de l’air », un poème extrait de son recueil « La tête dans les étoiles », publié chez Poésie.io, 12,90 €

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