C’est une avancée notable, après plusieurs échecs des molécules testées au cours de la dernière décennie. Deux études de phase 3 confirment l’efficacité et la tolérance du nérandomilast (Boehringer Ingelheim), aussi bien dans la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) que dans la fibrose pulmonaire progressive (FPP). Cet inhibiteur oral préférentiel de la phosphodiestérase 4B (PDE4B) a été administré en monothérapie ou en association avec les médicaments antifibrotiques existants (inhibiteur de tyrosine kinase nintédanib ou immunosuppresseur pirfénidone). Les résultats de Fibroneer-IPF dans la FPI et de Fibroneer-ILD dans la FPP sont publiés dans The New England Journal of Medicine.
Dans l’étude Fibroneer-IPF (1), 1 177 patients ont été randomisés pour recevoir deux fois par jour du nérandomilast à 18 mg, 9 mg ou un placebo, pendant 52 semaines. Plus de trois quarts (77,7 %) des patients ont reçu un traitement de fond de la fibrose par pirfénidone ou nintédanib. Le nérandomilast a ralenti significativement le déclin de capacité vitale forcée (CVF) par rapport au placebo.
L’effet indésirable le plus fréquent était la diarrhée, rarement sévère (16 % dans le groupe placebo, 31,1 % dans le groupe nérandomilast 9 mg et 41,3 % dans le groupe nérandomilast 18 mg).
Des demandes d’AMM en Europe
Dans l’étude Fibroneer-ILD (2), 1 176 patients atteints de FPP d’étiologies variées ont été inclus. Quelque 43,5 % des patients ont reçu du nintédanib (9 mg x 2/jour, 18 mg x 2/jour). Les résultats ont confirmé l’efficacité du nérandomilast avec un déclin significativement moindre de la CVF à 52 semaines par rapport au groupe placebo, aussi bien chez les patients recevant du nintédanib que chez ceux n’en recevant pas. De plus, une réduction significative de la mortalité a été observée dans le groupe nérandomilast.
Le profil de sécurité et de tolérance du nérandomilast était cohérent avec celui de l’étude Fibroneer-IPF, avec un taux d’arrêt définitif du traitement proche du placebo.
« Le fait que les deux essais de phase 3 aient atteint le critère principal d’évaluation souligne le potentiel du nérandomilast, avec un impact significatif sur les besoins non satisfaits des patients sur la fonction pulmonaire et, pour les FPP, une amélioration globale de survie, déclare le Pr Vincent Cottin, pneumologue à l’hôpital Louis-Pradel à Lyon et coordonnateur du centre national de référence des maladies pulmonaires rares et de la filière RespiFil. Le profil de tolérance est également un progrès essentiel. »
La fibrose pulmonaire est une maladie très grave, avec un pronostic vital de 3 à 5 ans après le diagnostic. Dans le cas de la FPP, il existe souvent une maladie sous-jacente connue (polyarthrite rhumatoïde, pneumopathie d’hypersensibilité…). Des demandes d’autorisation de mise sur le marché pour le nérandomilast dans la FPI et la FPP ont été déposées aux États-Unis, en Chine et dans l’UE.
Conférence de presse du laboratoire Boehringer Ingelheim
(1) L. Richeldi et al., N Engl J Med, 2025;392:2193-2202
(2) T. M. Maher et al., N Engl J Med 2025;392:2203-2214
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