L’omalizumab complète son recul

Publié le 29/05/2012
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LA SEULE THÉRAPIE ciblée actuellement disponible dans l’asthme allergique sévère est l’omalizumab (Xolair, Novartis), un anticorps monoclonal anti-IgE murin humanisé. Il est indiqué depuis 2006 dans l’asthme allergique sévère non contrôlé, à partir de 6 ans (extension depuis 2010). Sa prescription, réservée aux spécialistes, est généralement initiée sous surveillance hospitalière pour parer à un éventuel choc anaphylactique (0,1 % des cas). Puis les injections SC sont pratiquées en ville par un infirmier spécifiquement formé.

Lorsque l’indication est bien posée.

Le coût élevé du médicament impose une véritable réflexion avant d’engager le traitement. L’asthme allergique sévère doit être avéré : l’étiologie allergique doit être prouvée par le dosage des IgE, mais aussi la sévérité. « L’observance a un rôle fondamental, dans la mesure où l’asthme sévère d’un patient ne doit pas être liée au fait que le traitement n’est pas pris, prévient le Pr Benoît Wallaert (Lille). Finalement la tolérance du médicament est bonne, et lorsque l’indication est bien posée, l’omalizumab donne de bons résultats », conclut le Pr Wallaert.

Une large analyse à long terme.

Par ailleurs, la première analyse (1) effectuée sur les données poolées des essais cliniques disponibles en 2003 avait montré un taux de 0,5 % de cancers sous omalizumab contre 0,2 % chez les sujets contrôles (respectivement 20 sur 4127 et 5 sur 2236), différence non significative mais qui avait pu susciter quelques craintes (2), même si des données ultérieures avaient indiqué que ces néoplasies n’étaient pas attribuables au traitement par omalizumab (3). Une large analyse poolée des essais thérapeutiques de l’omalizumab vient lever les doutes. Elle a rassemblé tous les résultats du suivi à long terme de tous les patients inclus dans ces essais, soit un total de 11 459 patients de 67 essais de phase I à IV, dont 7 789 traités par l’anticorps (4).

L’analyse primaire porte sur 32 essais randomisés réalisés en double aveugle et contrôlés contre placebo. Au total, 25 cas de néoplasies se répartissent de façon identique entre les groupes olmalizumab (14 pour 4 254 patients) et placebo (11 pour 3 178 patients). Il n’est pas vraisemblable qu’il puisse y avoir une relation de cause à effet entre l’omalizumab et la survenue de cancers, les incidences correspondantes étant respectivement de 4,14 (IC 95 % 2,26-6,94) et 4,45 (IC 95 % 2,22-7,94) pour 1000 patients-années, concluent les auteurs.

Pour le Pr Wallaert, « on peut se permettre d’arrêter de se poser la question ou d’avoir des doutes, il n’y a pas d’argument pour penser que l’omalizumab puisse être impliqué dans la survenue d’un cancer ».

D’après un entretien et une communication du Pr Benoît Wallaert, pneumologue au CHRU de Lille.

(1) Food and Drug Administration, Center for Biologics Evaluation and Research. BLA STN 103976/0, review of clinical safety data: original BLS submitted on June 2, 2000 and response to complete review letter submitted on December 18, 2002. Rockville, Md.: Department of Health and Human Services, 2003.

(2) Omalizumab: new drug. Asthma: too many unknowns for an anti-IgE. Prescrire Int. 2007;16(91):179-82.

(3) Corren J, et coll.Safety and tolerability of omalizumab. Clin Exp Allergy. 2009 Jun;39(6):788-97.

(4) Busse W et coll. Omalizumab and the risk of malignancy: Results from a pooled analysis. J Allergy Clin Immunol. 2012;129(4):983-89.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9132