PAR LE Dr EA HANG-KORNG*
LES DEPOTS de cristaux de pyrophosphate de calcium (CPP) dihydraté sont responsables de nombreuses manifestations cliniques. Celles-ci ont eu des appellations diverses et hétérogènes dans la littérature comme la pseudo-goutte, la pseudo-polyarthrite, la pseudo-arthrose, la pseudo-arthropathie nerveuse ou encore l’arthropathie à pyrophosphate de calcium. Dans un objectif d’homogénéisation des termes et une meilleure prise en charge, quinze experts de dix pays européens se sont réunis à plusieurs reprises pour élaborer des recommandations concernant à la fois la terminologie, le diagnostic et la prise en charge de ces maladies.
Dans un but de simplification, on parle désormais de cristaux de pyrophosphate de calcium, plutôt que de cristaux de pyrophosphate de calcium dihydraté. Le terme général de maladie liée aux dépôts de pyrophosphate de calcium désigne toutes les situations cliniques liées aux cristaux de CPP. Chondrocalcinose (CC) est le terme choisi en cas de calcification du cartilage. Elle n’est pas toujours secondaire aux cristaux de CPP et peut se produire sur une articulation normale ou arthrosique.
Les manifestations cliniques associées aux CPP peuvent être :
– asymptomatiques ;
– associées à une arthrose, avec présence de cristaux de CPP dans une articulation arthrosique ;
– une arthrite aiguë, à début brutal, spontanément résolutive avec présence de cristaux de CPP ;
– une arthrite chronique.
Les facteurs de risque.
Ont été reconnus comme des facteurs de risque : le vieillissement, l’arthrose, les antécédents de lésion traumatique, les antécédents familiaux et/ou de maladie héréditaire, les maladies spécifiques comme l’hyperparathyroïdie, l’hémochromatose, le déficit en phosphatase alcaline, l’hypomagnésémie.
Onze recommandations ont été retenues et concernent les manifestations cliniques, l’analyse du liquide articulaire, l’iconographie, les diagnostics différentiels et les facteurs de risque. La certitude diagnostique repose sur l’identification des cristaux de CPP dans le liquide articulaire. Une arthrite brutale évoque une arthrite microcristalline sans certitude ni spécificité pour le type de cristal.
La radiologie n’est ni sensible ni spécifique pour le diagnostic de chondrocalcinose, contrairement à l’échographie qui a une excellente valeur diagnostique avec un facteur de vraisemblance de 24,2 (intervalle de confiance à 95 % : 3,51-168,01). Les dépôts de cristaux de CPP chez des sujets jeunes doit faire rechercher les maladies spécifiques : hyperparathyroïdie, hémochromatose, hypomagnésémie.
La prise en charge.
La deuxième partie des recommandations de l’EULAR concerne la prise en charge. Les traitements actuels ne permettent pas de « dissoudre » ou d’éliminer les cristaux de CPP et ne sont que symptomatiques.
Les neuf recommandations émises concernent les aspects généraux, le traitement des crises, la prophylaxie des crises récidivantes et le traitement des formes chroniques (cf. encadré).
Il s’agit d’une première tentative européenne pour développer « des recommandations fondées sur les preuves » pour la prise en charge d’une maladie fréquente. En réalité, il y a eu très peu d’études randomisées (quatre essais identifiés, de qualité moyenne) et la plupart de ces recommandations reposent sur l’avis consensuel des experts et des extrapolations des études effectuées sur la goutte. Par ailleurs, ces recommandations actuelles ne donnent pas d’algorithme précis, les possibilités thérapeutiques sont utilisées en fonction des caractéristiques individuelles. Cependant, elles permettent de mieux définir les différents aspects cliniques, une homogénéisation des patients et donc une meilleure évaluation des prochaines études cliniques et thérapeutiques.
*Hôpital Lariboisière, Centre Viggo Petersen, Inserm UMR S-606, Paris
(1) Zhang W, et al. European League Against Rheumatism recommendations for calcium pyrophosphate deposition. Part I: terminology and diagnosis. Ann Rheum Dis 2011;70(4):563-70. Epub 2011 Jan 7.
(2) Zhang W, et al. EULAR recommendations for calcium pyrophosphate deposition. Part II: Management. Ann Rheum Dis 2011; 70(4):571-5. Epub 2011 Jan20.
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