Dysfonction érectile

Savoir dépister chez les diabétiques

Publié le 20/11/2014
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La dysfonction érectile se retrouve dans les deux types de diabète, mais surtout dans le type 2 qui concerne des personnes d’un certain âge (en moyenne› 60 ans). L’incidence de la DE augmentant avec l’âge, l’ancienneté et la sévérité du diabète. Selon les données de l’étude ENTRED 2007, 73 % des diabétiques de type 2 souffriraient de DE et 53 % des diabétiques de type 1, chiffres plus importants que dans la population générale.

Les diabétiques de type 1 peuvent être concernés assez tôt dans leur vie quoique jeunes lorsque le diabète évolue depuis de nombreuses années, avec, de ce fait, des conséquences psychologiques importantes (dépression…)

Cependant, malgré l’impact négatif sur la qualité de vie, les patients souffrant de DE consultent peu leur médecin et ne sont donc pas traités.

Seul un tiers des diabétiques consulte pour ces troubles

Seulement un tiers a consulté un médecin pour des troubles sexuels et seulement 16 % a reçu un traitement de la DE (étude ENTRED). Une incitation forte au dépistage et au traitement de la DE devrait être encouragée chez tous les soignants impliqués dans la prise en charge des diabétiques.

« Le corps médical reste encore souvent réticent à prendre en considération ce trouble de la santé sexuelle, trop souvent assimilé à un problème mineur. Il existe une certaine frilosité des médecins à s’occuper et à prendre en charge la dysfonction érectile : ce n’est pas une priorité », souligne le Pr Serge Halimi (CHU Grenoble).

Les patients ont également du mal à en parler car la DE n’est pas vécue comme un trouble, mais comme une évolution naturelle liée à l’âge. Pourtant, quel que soit l’âge, la DE n’est jamais anodine. Tout d’abord parce que la vie sexuelle joue un rôle majeur dans le bien-être. Par ailleurs, la DE est un symptôme d’une dysfonction endothéliale et un marqueur du risque cardiovasculaire. Chez les patients diabétiques, la dysfonction érectile peut témoigner de l’existence d’une pathologie cardiovasculaire silencieuse. « La composante principale de la DE est en effet, vasculaire » précise le Pr Halimi.

Faible dose quotidienne d’iPDE5

Les troubles de l’érection sont d’origine multifactorielle car les facteurs organiques et psychologiques sont souvent intriqués. Les causes psychosociales peuvent être nombreuses : stress professionnel, retraite, décès d’un proche, conflit dans le couple... Il faudrait dans l’idéal voir le couple.

« Malgré de nets progrès qui ont simplifié la prise en charge, elle reste insuffisante. Les médecins prescrivent assez peu les inhibiteurs de la phosphodiestérase 5. De fausses croyances concernant la tolérance et la sécurité subsistent aussi bien de la part des médecins que des patients », explique le Pr Halimi. Les effets indésirables sont essentiellement des céphalées et une congestion nasale. Les effets indésirables graves sont exceptionnels.

Il faut rassurer en ce qui concerne leur sécurité d’utilisation, et notamment l’absence de risque cardiaque. Ils sont contre-indiqués en cas de prise de dérivés nitrés et de donneurs de monoxyde d’azote. « Cependant, la réponse est plus faible chez les diabétiques et à dose ponctuelle, cela ne marche pas tout de suite surtout si le trouble est ancien. C’est pourquoi, il faut privilégier la prise quotidienne systématique de faible dose d’iPDE5 (tadalafil 5 mg) pendant un ou deux mois qui relance progressivement la tumescence des corps caverneux », poursuit le spécialiste. Idéalement, il faudrait prévenir le patient diabétique de type 2 qu’un jour il aura peut-être besoin d’insuline, il faudrait également lui dire qu’il pourrait aussi avoir des difficultés sexuelles et qu’il n’hésite alors pas à en parler.

Conflits d’intérêt Pr Serge Halimi : relations professionnelles rémunérées avec plusieurs entreprises pharmaceutiques dont le groupe Lilly France.

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9367