« POUR CHOISIR en connaissance de cause, il faut être informé. Malheureusement, cette information reste largement insuffisante en France », déplore Véronique Séhier, présidente du Planning familial. De fait, les connaissances en matière de contraception masculine s’avèrent peu répandues, tant au niveau de la population générale que chez les professionnels de santé. La faute incombe certainement à l’idée encore largement partagée que « la maîtrise de la fécondité reste une affaire de femmes ».
Aujourd’hui, le modèle contraceptif qui prévaut en France est : préservatif pour les premiers rapports, et/ou pilule pour les jeunes adultes en couple puis DIU après le premier enfant. Pourtant, des méthodes de contraception « modernes » destinées aux hommes existent et sont parfaitement accessibles. Un choix supplémentaire participant de l’égalité entre hommes et femmes que le Planning familial, l’Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine (Ardecom) et quelques médecins cherchent à faire connaître au travers de leurs engagements, de leurs expériences ou de leurs pratiques.
Les pionniers de la « pilule » pour hommes.
Dans la mouvance des années 1970, un groupe d’hommes portés par le « refus d’être des mâles producteurs, productifs et performants » décide de passer le pas après leur rencontre avec Jean-Claude Soufir, diabétologue aujourd’hui spécialisé dans la biologie et la reproduction. De leur expérimentation réussie de la contraception hormonale masculine (CHM) sous forme d’injections de testostérone est née l’association Ardecom qu’ils reforment aujourd’hui pour défendre le principe de « contraception partagée ».
Bien que 3 enquêtes effectuées en France de 1978 à 2000 montrent une augmentation réelle de l’acceptation de la prise d’une « pilule masculine », la réalité est largement en retrait des intentions déclarées. L’ignorance de l’existence de ce protocole, pourtant validé par l’OMS et sans toxicité avérée, reste donc un frein majeur à son développement. Aujourd’hui, seuls deux médecins hospitaliers le prescrivent en France, en dehors d’une AMM qui n’existe toujours pas.
Vasectomie et contraception thermique.
Efficace et réversible, la CHM n’est pour autant pas la seule méthode accessible. La vasectomie, largement répandue dans de nombreux pays anglo-saxons ou en Espagne, a également ses défenseurs comme le professeur d’urologie Alain Jardin : « C’est la méthode la plus simple, la moins chère (75 euros) et la plus anodine pour la santé. [Mais] les gynécologues verrouillent complètement la contraception du couple [...] La vasectomie a le tort de ne rien rapporter à personne ». Légale en France depuis 2001, la vasectomie est réversible à double titre : les spermatozoïdes peuvent être conservés avant intervention et la réparation chirurgicale est facile et effective dans 80 % des cas.
Enfin, une dernière méthode décrite par Roger Mieusset, spécialiste de la contraception masculine au CHU de Toulouse, existe également en dehors du champ sanitaire : la contraception thermique. Son principe repose sur le port quotidien d’un sous-vêtement spécifique qui entraîne une élévation de la température des testicules et inhibe la production de spermatozoïdes. Trois essais publiés entre 1991 et 1994 montrent que son efficacité contraceptive est proche de la contraception hormonale féminine.
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